Traçabilité des viandes le projet d’étiquetage des produits transformés validé par l’Europe
Trois ans après le scandale des lasagnes à la viande de cheval qui avait alerté consommateurs et pouvoirs publics sur la nécessité d’une meilleure traçabilité des viandes dans les produits transformés, Bruxelles autorise la France à lancer une expérimentation d’étiquetage à compter du 1er janvier 2017.
Ce fut sans conteste la fraude alimentaire la plus marquante de ces dernières années. En 2013, la découverte de viande de cheval dans des lasagnes supposées être au bœuf relançait le débat autour de la traçabilité de l’origine des produits animaux dans les plats transformés.
Or si la réglementation européenne oblige les professionnels à indiquer le pays d’origine des viandes fraîches, cette mesure pourrait enfin être élargie aux charcuteries (saucisses, jambon…), viandes cuites et plats préparés. Une obligation qui pourrait prendre effet début 2017 selon une déclaration faite par le ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll ce mardi 4 juillet.
Complexité des chaines d’approvisionnement
Car c’est bien la traçabilité des produits transformés qui pose aujourd’hui question compte tenu de la complexité des chaînes d’approvisionnement de l’agroalimentaire en Europe. Un parcours qui, soumis aux cours mondiaux de la viande, peut conduire à consommer des plats contenant la viande d’animaux nés, engraissés, abattus et transformés dans différents pays avant d’être commercialisés en France par un industriel qui aura bien du mal à connaître la fiabilité et même l’identité du fournisseur initial.
La nécessité de clarifier cette situation parfois labyrinthique avait conduit la France mais aussi l’Italie, la Grande-Bretagne et l’Autriche à réclamer une plus grande transparence quant au pays d’origine des viandes de ces produits. La loi française relative à la consommation avait ainsi introduit en 2014 une disposition légale visant à rendre obligatoire cette mention. Mais la Commission européenne avait alors considérablement limité la portée de cette initiative en réclamant un engagement volontaire des industriels et des distributeurs.
Un étiquetage volontaire peu efficace
Afin de prendre la mesure de cet étiquetage volontaire, l’UFC-Que Choisir a lancé une étude parue en février 2016 portant sur 245 aliments transformés à base de viande de bœuf, de porc et de poulets produits par des grandes marques et des grandes et moyennes surfaces. Résultat, bien que certains industriels jouent le jeu afin de rassurer des consommateurs soucieux de cette traçabilité, moins de la moitié des produits étudiés font bel et bien mention du pays d’origine de la viande utilisée.
Face aux résultats en demi-teinte du volontariat, à la demande appuyée de plusieurs États membres et du Parlement européen, et à la mobilisation de l’UFC-Que Choisir et des syndicats agricoles en février dernier , la Commission européenne a finalement consenti à ce que l’étiquetage devienne obligatoire.
Aval de la commission Européenne
Ainsi, Stéphane Le Foll annonçait le 4 juillet que la Commission européenne, au terme d’un délai de réflexion de trois mois, avait décidé de valider un projet d’expérimentation proposé par la France le 11 mars dernier.
Ce projet prévoit l’étiquetage de l’origine de la viande mais aussi des produits laitiers dans les plats préparés, ainsi que du lait.
L’approbation de Bruxelles obtenue, le ministre de l’Agriculture a immédiatement saisi le Conseil d’État du projet de décret. Celui-ci dispose de deux mois pour rendre son avis.
En cas d’approbation, le dispositif pourrait entrer en vigueur au 1er janvier 2017 pour une période de 2 ans.
Dans un communiqué de presse, le ministre indique que les modalités précises de mise en œuvre de ces règles d’étiquetage feront l’objet dans le courant de l’été d’une concertation avec l’ensemble de la filière et les associations de défense des consommateurs.