Moteur diesel 1.9 DCI
Cette note a pour objet de faire une synthèse du problème rencontré par de nombreux consommateurs avec le moteur diesel 1.9 DCI et de vous donner des éléments pour répondre aux éventuels interviews.
Vous pouvez également vous référer à l’article paru dans l’article du QUE CHOISIR de Février 2006.
Le problème technique
Une casse anormale et prématurée du moteur diesel 1, 9 DCI 120 chevaux.
Il y a une détérioration prématurée du turbo au niveau des ailettes et de la butée de leur axe.
Le turbo casse et l’huile qu’il contient est alors transformée en carburant qui s’emballe.
Le moteur perd soudainement de sa puissance puis s’emballe jusqu’au sur-régime sans qu’ on puisse l’arrêter avant de finalement casser.
Depuis, Renault a clairement reconnu le problème et a modifié le moteur.
Les véhicules concernés
Ce moteur a été commercialisé de 2001 à juin 2003 et équipe plusieurs modèles de voitures : Laguna II, espace IV, Scenic et Mégane.
L’aspect sécurité
Renault estime qu’il n’y a pas de problème de sécurité, c’est pourquoi ils n’ont pas diligenté de rappel.
Nos spécialistes de l’automobile estiment au contraire que la panne peut engendrer des conséquences potentiellement dangereuses.
Cet avis a d’ailleurs été conforté par le Syndicat des experts indépendants.
Un turbo qui rend l’âme, c’est un moteur qui perd soudainement de sa puissance puis s’emballe jusqu’au sur régime sans qu’on puisse le stopper.
Ces phénomènes peuvent légitiment paniqué le conducteur et l’amener à mettre sa sécurité en péril, d’autant que cela s’accompagne de vacarme (le moteur qui hurle) et de fumées importantes (l’huile qui brûle)
Les témoignages que nous avons reçus prouvent que des drames ont été évités de justesse (dépassement avorté sur la file de gauche d’une autoroute fréquentée) et que les occupants étaient légitiment paniqués (arrêt prolongé sur la bande d’arrêt d’urgence où l’espérance de vie est des plus réduites).
Politique d’indemnisation et de communication de Renault sur cette affaire :
La Fédération, au vu des témoignages de vos associations, a pu constater que le traitement par Renault de ces pannes n’avait pas été uniforme jusqu’en juillet 2005 au regard de la prise en charge du coût de la réparation (le montant de celle ci peut aller jusqu’à 8000 €).
Renault a mis en place une politique d’indemnisation commune à l’ensemble du réseau uniquement à partir de juillet 2005.
Le constructeur a décidé à cette date une prise en charge de 80 % du montant des réparations sur les véhicules victimes de casse de turbo entre 80 000 et 120 000 kilomètres.
En septembre 2005, Renault informée de l’enquête menée par la Fédération a demandé à nous rencontrer.
A la suite de longs mois de négociations, Renault a accepté de prendre en charge à 100 % (c’est à dire le coût du remplacement du moteur et la main d’œuvre) mais uniquement pour les Laguna et Espace et donc pas pour les Megane et Scenic.
De plus avec des conditions : véhicules de moins de 5 ans et ayant parcouru moins de 150 000 kilomètres.
Mais il n’y a pas eu de communication grand public (juste quelques articles dans la presse automobile spécialisée) ni de réexamen systématique des précédentes victimes n’ayant bénéficié que d’une indemnisation partielle.
Insatisfactions et demandes de l’UFC QUE CHOISIR
L’UFC- Que Choisir dénonce :
1°) la minimisation par Renault de cette affaire depuis le début
2°) l’incohérence et injustice de la politique d’indemnisation
3°) l’absence de communication grand public tant sur le problème en lui même que sur la politique d’indemnisation
4°) cette attitude générale qui contraste avec les déclarations de Carlos Ghosn, PDG de Renault lors de l’annonce de son plan stratégique le 9 février 2006.
5°) le revirement de discours de la part de Renault suite au classement sans suite par le procureur du TGI de Nanterre du procès verbal transmis par la DDCCRF des Hauts de Seine, décision qui nous a surpris.
L’UFC-Que Choisir souhaite tout d’abord informer les consommateurs et appelle tous les propriétaires de véhicules équipés du moteur 1, 9 DCI victimes de cette casse par le passé ou actuellement à réclamer l’indemnisation de la totalité des préjudices qu’ils ont subi ou subissent du fait de l’avarie du moteur diesel 1, 9 DCI.
En conclusion :
Renault, comme les autres constructeurs automobiles qui se retranchent toujours derrière le cas par cas, espère ainsi décourager les consommateurs au vu des frais élevés d’expertise judiciaire en matière d’automobile.
Une fois de plus refuser le traitement d’un problème commun à de nombreux consommateurs aboutit à une indemnisation incohérente et injuste de l’ensemble des victimes.
L’instauration d’une action de groupe dans notre droit permettrait justement à ces consommateurs victimes d’intenter une seule action judiciaire pour obtenir une réparation effective de leur préjudice individuel.
Cette possibilité de procédure constituerait aussi à l’évidence un moyen de prévention et de dissuasion pour les professionnels qui seraient obligés d’assumer les conséquences de la défaillance des produits qu’ils mettent sur le marché.
Tant que les bénéfices retirés par le professionnel de son silence et de la pratique frauduleuse sont supérieurs aux cours de condamnation, il n’a aucun intérêt à modifier son comportement.