Débat sur les ondes électromagnétiques
Réduire l’exposition
Même si la littérature scientifique n’apporte toujours pas la preuve d’un risque dû aux ondes électromagnétiques, émises principalement par les téléphones portables, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) appelle à ne pas baisser la garde.
Quatre ans après un précédent avis évoquant leurs effets biologiques, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a rendu hier un nouveau rapport sur les effets sanitaires des radiofréquences. Ces ondes électromagnétiques émises par les téléphones portables mais aussi les téléphones sans fil domestiques, appareils Wi-Fi ou encore antennes de téléphonie mobile sont de plus en plus omniprésentes dans notre environnement. Aussi l’Anses a-t-elle mis en place un groupe de travail permanent qui exerce une veille continue sur le sujet. Elle a rendu un rapport faisant le point sur l’état des connaissances, qui s’est enrichi de quelque deux cents publications bien conçues depuis 2009.
Ces recherches ne mettent pas en lumière de risque avéré. Cependant, les experts pointent un effet « possible » des ondes sur le risque de certaines tumeurs cérébrales (gliomes, neurinomes). Ceci concerne les « utilisateurs intensifs », mais on définit ainsi ceux qui se sont servi de leur portable pendant une demi-heure par jour pendant quinze ans. Une durée d’utilisation quotidienne qui pourrait concerner une grande partie de la population.
Aux yeux de Marc Mortureux, directeur de l’Anses, la prudence doit rester de mise, notamment parce qu’on manque de recul. L’usage du portable ne s’est généralisé que depuis une quinzaine d’années, un laps de temps encore trop limité pour qu’apparaissent clairement d’éventuels effets dus à une exposition sur le long terme.« On ne peut s’appuyer uniquement sur des effets avérés, a-t-il déclaré lors de la conférence de presse de restitution du rapport. Il faut être très attentif aux indices précoces même avec des niveaux de preuves limités. » Même son de cloche du côté de Martine Hours, médecin épidémiologiste et présidente du Comité d’experts spécialisés de l’Anses. « On n’a pas à attendre la démonstration du risque pour faire de la prévention. Or, la maîtrise du risque passe avant tout par la maîtrise de l’exposition. » En pratique, l’Anses renouvelle ses précédentes recommandations : utiliser une oreillette ou un kit mains libres pour téléphoner (les dispositifs anti-ondes sont inefficaces), choisir un téléphone pourvu d’un débit d’absorption spécifique (DAS) le plus faible possible et ne pas fournir de téléphone mobile aux enfants car leur cerveau est moins bien protégé. L’agence a d’ailleurs promis pour début 2014 un rapport spécifique sur l’exposition des plus jeunes via tous les objets qui peuvent se trouver dans leur environnement : babyphones, tablettes, smartphones, etc.
Au-delà de ce dossier précis, les experts ont rappelé la nécessité, pour estimer précisément le risque, de mieux caractériser les expositions. Il faudra notamment étudier ce qui se produit dans l’organisme lorsqu’on utilise son téléphone pour envoyer un SMS ou surfer sur Internet, mais aussi faire appel aux opérateurs pour mieux connaître les durées d’utilisation. L’arrivée de la 4G est une donnée supplémentaire qui va compliquer l’évaluation du risque car les modalités d’exposition pourraient être différentes de celles caractérisant la 3G. En tout cas, pendant la période où les deux cohabiteront, l’exposition du public aux ondes sera démultipliée.