L’eau du robinet disculpée
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) vient d’évaluer la part de l’eau potable dans notre exposition alimentaire globale aux pesticides, autrement dit la responsabilité de l’eau du robinet dans la dose de pesticides que nous ingérons quotidiennement. Des résultats plutôt rassurants.
Les résidus de pesticides que nous ingérons quotidiennement, c’est la faute aux aliments, pas à l’eau du robinet. Très schématiquement, c’est la conclusion à laquelle aboutit l’étude que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) vient de publier sur « l’évaluation des risques liés aux résidus de pesticides dans l’eau de distribution et leur contribution à l’exposition alimentaire totale ».
C’est un travail de fourmi auquel se sont livrés les experts de l’Anses et de l’Observatoire des résidus de pesticides. Ils se sont appuyés sur les 5,7 millions d’analyses effectuées sur l’eau potable de 2007 à 2009 dans le cadre du contrôle réglementaire. L’étude porte donc sur l’ensemble des unités de distribution, des plus grandes villes aux plus petits réseaux qui desservent moins de 500 habitants.
Point rassurant, sur les 3 années de suivi, dans 82 % des unités de distribution, les analyses n’ont détecté aucun résidu de pesticide, ou seulement à une concentration maximale inférieure au seuil réglementaire de 0,1 µg/l par substance. La valeur réglementaire du total des pesticides, soit 0,5 µg/l, est en revanche dépassée dans 3,8 % des unités de distribution. Il s’agit surtout de petits réseaux d’eau potable situés dans les zones de viticulture et de culture fruitière en Rhône-Méditerranée, et de secteurs de maïsiculture en Adour-Garonne.
Au final, la contribution de l’eau de distribution à l’exposition alimentaire globale aux pesticides se révèle faible. Elle est inférieure à 5 %, sauf pour 8 pesticides. Il existe néanmoins de fortes variations locales, note l’Anses, « qui sont étroitement liées aux usages des pesticides, aux types de cultures et aux pratiques culturales ». C’est dans les petites unités de distribution qui desservent moins de 500 habitants que la contribution de l’eau à l’exposition alimentaire aux pesticides totale peut être la plus importante.
Néanmoins, quelles que soient les conditions locales, la contribution de l’eau à la DJA, la dose journalière admissible, reste toujours très faible. Elle est inférieure à 1 %, sauf pour deux pesticides désormais interdits, l’atrazine et le carbofuran. Mais même dans ce cas, elle est inférieure à 5 %, y compris dans les petits réseaux de distribution les plus contaminés.
Des résultats somme toute logiques, car les limites maximales de résidus sont de l’ordre du milligramme par kilo dans la plupart des aliments, soit des teneurs dix mille fois supérieures aux limites de qualité qui sont fixées à l’eau du robinet (0,1 microgramme par litre).
Si cette étude « n’appelle pas de modifications des valeurs sanitaires existantes », l’Anses conclut à la nécessité d’évaluer les effets cumulés des pesticides ainsi que des faibles doses des pesticides classés perturbateurs endocriniens.
Élisabeth Chesnais