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Le PEL est-il devenu le produit d’épargne idéal

Le PEL est-il devenu le produit d’épargne idéal par cBanque

 

Mieux rémunéré que le Livret A, plus facile d’accès que l’assurance-vie, le Plan Epargne Logement est en passe de devenir le support phare de l’épargne grand public en France. Est-il pour autant devenu le produit d’épargne idéal ? Oui, en partie, mais ses caractéristiques ne le qualifient pas pour tous les projets. Explications.
C’est le site internet de la Direction générale du Trésor qui le dit : « Le plan d’épargne-logement est un produit d’épargne dédié à l’investissement immobilier lié à la résidence principale. » Cette définition, pourtant, n’a jamais paru aussi obsolète qu’aujourd’hui.

Il y a bien longtemps, en effet, que deux des avantages majeurs de ce produit d’épargne réglementé – l’obtention d’un prêt immobilier à taux préférentiel et d’une prime d’état – n’ont plus de raison d’être face à la faiblesse des taux proposés sur le marché. Les prêts épargne logement (3,20% actuellement) redeviendront peut-être un jour concurrentiels, mais il est aujourd’hui impossible de le certifier.

Et pourtant : en 2015, le PEL a connu un succès sans précédent, ou presque (1). Sa collecte nette avait déjà dépassé fin septembre les 15 milliards d’euros et pourrait au final s’approcher des 20 milliards sur l’ensemble de l’année. Un engouement qui s’explique très simplement : tous les PEL ouverts au cours des douze dernières années sont rémunérés à 2,50%. Et même ceux ouverts depuis le 1er février 2015 rapportent encore du 2% (1,69% net de prélèvement sociaux).

Un pur produit d’épargne
Quel autre produit d’épargne 100% sécurisé peut se permettre aujourd’hui d’afficher un taux contractuel aussi élevé sur 15 ans ? La réponse tient en un mot : aucun. Si l’on s’arrête à la seule rémunération, les deux autres produits d’épargne favoris des Français soutiennent mal la comparaison.

Le Livret A semble durablement disqualifié par son taux, 0,75% net actuellement, 0,50% probablement à compter du 1er février prochain. Résultat : une décollecte nette qui devrait dépasser les 10 milliards d’euros en 2015. La tendance est également plutôt défavorable aux fonds en euros de l’assurance-vie, dont le rendement moyen devrait continuer de baisser en 2015, pour atteindre 2,25% environ. Par rapport à l’assurance-vie, le PEL a de plus l’avantage de la simplicité : il est disponible partout aux mêmes conditions, quelle que soit la banque.

Dans ce contexte, le PEL est-il devenu le produit d’épargne idéal ? Assez loin de son esprit d’origine, il est en tout cas devenu un pur produit d’épargne, qui concurrence clairement le Livret A, voire l’assurance-vie, dans l’esprit des Français.

Peu adapté pour l’épargne de précaution

S’il est toujours risqué de chercher dans la fortune d’un support la conséquence de la disgrâce d’un autre, on peut supposer que la très belle collecte 2015 du PEL est, au moins pour une part, la conséquence d’arbitrages effectués par les épargnants, aux dépens du Livret A. Ont-ils été avisés de faire ce choix ? Tout dépend de leur objectif. Car aussi attractif soit-il, le PEL reste un produit d’épargne beaucoup plus contraignant que le Livret A, et plus généralement que les livrets bancaires.

Il est toujours bon de rappeler, d’abord, que le taux contractuel d’un PEL n’est définitivement acquis qu’au bout de deux ans. Si sa fermeture intervient avant cette échéance, sa rémunération est recalculée au taux du Compte Epargne Logement (CEL), nettement moins avantageux : 0,50% actuellement. L’épargne placée, ensuite, y est moins disponible que sur un livret. Les règles régissant le PEL interdisent en effet les retraits partiels : pour récupérer l’encours, il faut nécessairement le clore. Enfin, pour le maintenir ouvert, il faut pouvoir l’abonder régulièrement, à hauteur d’au moins 540 euros par an : 45 euros par mois, 135 par trimestre ou 270 par semestre.

Conclusion : ces trois caractéristiques rendent le PEL peu adapté pour une épargne de précaution, c’est-à-dire pour mettre de côté l’équivalent de quelques mois de salaires afin de parer aux petits coups durs : une réparation inattendue sur sa voiture, un frigo à changer, etc.

L’assurance-vie plus pertinente sur le long terme

Le PEL n’est pas non plus conçu pour une épargne de long terme, destinée à se constituer un complément de revenus pour la retraite ou un capital à transmettre à ses proches, et ce pour plusieurs raisons. Contrairement à l’assurance-vie, dont la fiscalité se réduit avec le temps – une quasi exonération après 8 ans en l’occurrence -, le PEL, lui, devient imposable au bout de 12 ans. Après cette date anniversaire, les revenus qui en sont tirés sont assujettis au barème progressif de l’impôt sur le revenu. Les deux produits sont par ailleurs soumis aux prélèvements sociaux dès le premier euro de revenus, quelle que soit la durée de détention.

La phase d’épargne, ensuite, est limitée à 10 ans : après cette échéance, tout nouveau dépôt est impossible. Enfin, les PEL ouverts depuis le 1er mars 2011 ont une durée de vie limitée à 15 ans. Ce terme échu, l’épargnant peut soit récupérer son capital, soit laisser sa banque le placer sur un livret ordinaire, avec le risque – la certitude même actuellement – d’une moindre rémunération. Au final, pour ce genre d’épargne au long cours, l’assurance-vie apparaît plus pertinente.

Idéal pour l’épargne de projet
Obsolète pour la préparation d’un projet immobilier, inadapté pour l’épargne de précaution ou de long terme, le PEL est toutefois idéal pour un usage : l’épargne de projet à moyen terme. L’achat d’une voiture, le financement d’un mariage, la préparation d’un voyage coûteux, entre autres. Seul impératif : que l’horizon de réalisation de ce projet se situe dans un délai supérieur à 2 ans et, idéalement, inférieur à 12 ans.

Pour cette raison, et dans la mesure où l’on peut assumer les versements réguliers et obligatoires, il peut même être malin d’ouvrir sans attendre un PEL, ne serait-ce que pour prendre date et verrouiller un taux contractuel de 2% sur 15 ans. Car les avantages du PEL, et notamment ce taux « hors marché », suscitent de nombreuses critiques au sein des banques et du régulateur, et pourraient être remis en cause à très brève échéance. Un créneau pourrait même s’ouvrir très rapidement, début février, en même temps qu’une possible baisse du taux du Livret A.

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