Santé

Les Français et l’automédication

Les Français et l’automédication par 60 millions de consommateurs

60 Millions et Mediaprism ont sondé les consommateurs pour mieux cerner leurs pratiques en matière d’automédication.

Comment les Français se soignent-ils au quotidien ? Dans quels cas achètent-ils des médicaments sans ordonnance ? À qui demandent-ils conseil ? Pour le savoir, 60 Millions de consommateurs et Mediaprism les ont interrogés sur leurs pratiques en matière d’automédication.

Cette enquête a été réalisée en ligne du 28 septembre au 12 octobre 2015 ; 946 personnes y ont répondu, représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus.

8 Français sur 10 pratiquent l’automédication
L’automédication est largement pratiquée, puisque 78 % des personnes interrogées disent y avoir recours. Toutefois, cela demeure occasionnel : seules 6 % disent prendre régulièrement des médicaments sans ordonnance (au moins une fois par semaine), alors que 34 % prennent régulièrement des médicaments prescrits par un médecin.

Les Français qui pratiquent l’automédication le font parce qu’ils disent déjà connaître le traitement à prendre (72 %) ou pour se soigner sans attendre (66 %), plus que pour éviter des dépenses inutiles à l’Assurance maladie (30 %) ou économiser le prix d’une consultation (24 %).

Le premier réflexe : attendre que ça passe
Aux premiers symptômes d’une maladie bénigne, 46 % des sondés disent commencer par attendre que ça passe. Les médicaments non prescrits sont souvent pris sur le conseil du pharmacien (51 % des sondés le font souvent ou de temps en temps). Mais 37 % considèrent qu’ils sont les mieux placés pour savoir quels médicaments leur conviennent le mieux.

Dans le doute, c’est toutefois vers le médecin qu’on se tournera : lorsqu’ils ont besoin d’un avis médical, 97 % des sondés disent faire confiance à leur médecin, qu’il soit généraliste ou spécialiste.

Un rapport ambigu avec les médicaments…
Joli paradoxe, 41 % des sondés considèrent que les médecins prescrivent trop de médicaments, mais seuls 16 % pensent en consommer trop. Et si, à 91 %, les Français interrogés disent avoir confiance dans les médicaments qu’ils prennent, seuls 21 % ont « tout à fait confiance ».

À la maison, près de deux Français sur trois (64 %) disent avoir dans leur pharmacie familiale « le strict minimum pour les petits bobos du quotidien » ; toutefois, 13 % y conservent des boîtes de médicaments entamées dont ils ne connaissent plus l’utilité.

… et avec les laboratoires pharmaceutiques
Si le sondage confirme la confiance que les Français interrogés accordent à leurs médecins (97 % leur font confiance, dont 56 % « tout à fait »), cette confiance est en revanche plus mesurée vis-à-vis de deux acteurs clés de l’automédication : les pharmaciens et les laboratoires pharmaceutiques.

Ainsi, 87 % des sondés font confiance aux pharmaciens, mais seulement 25 % « tout à fait ».Quant aux laboratoires pharmaceutiques, 59 % des sondés déclarent leur faire confiance, mais seulement 7 % « tout à fait confiance ».

Hommes et femmes se soignent différemment
Le clivage maintes fois constaté entre hommes et femmes en matière de santé se retrouve en matière d’automédication. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à y avoir recours : parmi les personnes interrogées, 63 % des femmes la pratiquent « régulièrement » ou « parfois »,contre 43 % des hommes.

À l’inverse, les hommes sont plus nombreux à ne prendre ni médicaments d’automédication (31 %, contre 14 %), ni vitamines (61 %, contre 43 %), ni compléments alimentaires (69 %, contre 50 %) ou traitements à base de plantes (69 %, contre 51 %).

Des différences générationnelles
Les différences de pratiques sont aussi générationnelles. Sans surprise, les plus âgés prennent beaucoup plus de médicaments prescrits sur ordonnance que les plus jeunes : parmi nos sondés, 66 % des plus de 65 ans en prennent régulièrement (au moins une fois par semaine), contre 16 % des moins de 50 ans. En revanche, ils pratiquent moins l’automédication : 31 % ne prennent jamais de médicaments sans ordonnance, contre 17 % des moins de 50 ans…

Il reste à savoir si la nouvelle génération aura des pratiques différentes lorsqu’elle sera plus âgée, ou si c’est simplement l’avancée en âge qui fait voir les choses autrement, la complexité des pathologies éloignant de l’automédication.

Une fracture sociale en matière de santé, plus que d’automédication
On note peu de différences entre catégories socioprofessionnelles en matière d’automédication. Certes, ceux qui appartiennent aux catégories aisées, dites « CSP+», sont moins nombreux que les autres à déclarer la pratiquer « très régulièrement » (17 %, contre 28 %). Mais cette différence est peut-être la résultante d’un meilleur état de santé : 66 % des CSP+ se disent « rarement » malades, contre 49 % des CSP-. De même, 67 % des CSP+ disent pratiquer une activité physique régulière, contre 51 % des CSP-.

Les proches des médecins aiment moins les pharmaciens !
Ceux qui ont un médecin dans leur entourage prennent autant de médicaments que les autres, prescrits ou non prescrits, autant de compléments alimentaires et, globalement, leur comportement est celui des catégories aisées. Une petite spécificité, toutefois : 20 % d’entre eux déclarent ne pas faire confiance aux pharmaciens, contre 10 % de ceux qui n’ont pas de médecin dans leur entourage…
Les réfractaires jamais malades
L’enquête fait par ailleurs apparaître deux catégories de population réfractaires à l’automédication, mais pour des raisons différentes : ceux qui se disent souvent malades (les 6 % de sondés), et ceux qui ne le sont jamais (7 % des sondés).

Parmi ceux qui ne se disent « jamais malades », on trouve une forte proportion de personnes adeptes d’une vie saine, mais moins confiantes que la moyenne à l’encontre des laboratoires pharmaceutiques et des médicaments, voire du monde médical.

Et les réfractaires souvent malades
À l’inverse, parmi ceux qui se disent « souvent malades », on recense des personnes véritablement « accros » aux médicaments, et dépendantes des soignants. Lucides, elles déclarent une fois sur deux consommer trop de médicaments, mais considèrent moins que les autres que les médecins en prescrivent trop.

D’un côté, l’existence d’une population de plus en plus consommatrice de médicaments, et soumise aux médecins ; à l’opposé, l’émergence d’une population plus méfiante, plus distante vis-à-vis du monde pharmaceutique et médical. Derrière ces deux comportements, on peut percevoir les signaux faibles de deux défis émergents pour le monde de la santé : la dépendance des uns, le désir d’émancipation des autres.

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