03 février 2011
L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), accusée d’avoir réagi trop tard dans l’affaire du Mediator, a mis 77 produits et 12 classes de médicaments sous surveillance. Difficile de s’y retrouver : dans cette liste, certains ont déjà fait la preuve de leur nocivité et ne devraient plus être utilisés. D’autres sont intéressants, mais effectivement à regarder de près.
Sur le site Internet de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), on peut désormais trouver, à condition de chercher un peu, une liste de médicaments, nouveaux ou anciens, faisant l’objet d’une surveillance renforcée. L’effort de transparence est louable, surtout en pleine affaire Mediator. Mais pour les médecins et les patients, l’intérêt d’une telle compilation est quasi nul. Les informations essentielles n’y sont pas : pour chaque médicament répertorié, ni les risques ni les bénéfices ne sont mentionnés. Ces données sont pourtant connues. Aucune trace non plus des traitements alternatifs aussi efficaces et moins nocifs.
Si l’Afssaps avait joué jusqu’au bout la carte de la transparence et mis ces éléments à la disposition du grand public, il aurait été plus facile de s’y retrouver. Et notamment de repérer, dans la liste, les médicaments qui, à l’image du Mediator, sont à la fois inutiles et dangereux. Une fois encore, face à l’insuffisance des autorités sanitaires, c’est la revue médicale indépendante « Prescrire » qui s’est dévouée pour faire le tri.
Le directeur de la rédaction, Bruno Toussaint, a ainsi souligné que la liste comportait de nombreux médicaments « qu’il faut cesser d’utiliser d’urgence, sans attendre l’issue des procédures administratives, en raison d’une balance bénéfices-risques défavorable. » Il s’agit notamment de la quinine (Hexaquine et autres), pas plus efficace qu’un placebo dans le traitement des crampes, mais qui expose à des réactions allergiques et hépatiques graves ; de la pioglitazone (Actos), pas meilleure que d’autres molécules dans le diabète et soupçonnée de provoquer des cancers de la vessie ; de la nimésulide (Nexen), qui n’améliore pas la prise en charge de la douleur mais peut provoquer des atteintes du foie ; de la bupropione (Zyban), pour laquelle des cas de suicide ont été signalés, et qui ne fait pas mieux que la nicotine dans l’arrêt du tabac ; de l’agomélatine (Valdoxan), un antidépresseur entraînant des risques de cancer.
D’autres produits, note « Prescrire », présentent des risques mal connus, mais sont intéressants dans des situations précises. Pour ceux-là, une surveillance renforcée s’impose. À ceci près que l’Afssaps oublie de préciser comment signaler les effets indésirables auprès des autorités compétentes, et comment sensibiliser les patients… Enfin, pour une troisième catégorie de médicaments, le risque est réel et bien cerné, mais l’intérêt certain : il faut donc encadrer leur usage. C’est le cas de la buprénorphine (Subutex) ou de la lévothyroxine (Levothyrox et génériques).
Face aux lacunes de cette liste, les patients qui prennent l’un des médicaments répertoriés n’ont pas vraiment le choix : ils doivent questionner leur médecin sur l’intérêt du traitement dans leur cas précis.
Anne-Sophie Stamane