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PEL trop élevé selon la Banque de France

PEL trop élevé selon la Banque de France

Le paradoxal succès du PEL dans les banques

Rabaissé à 2% pour les nouveaux Plans épargne logement en début d’année, le taux du PEL reste « trop élevé » selon le gouverneur de la Banque de France. Et trop cher pour les établissements financiers qui le distribuent. Pourtant, paradoxalement, les banques en font la promotion en agence. Comment expliquer ce double discours ? Eléments de réponse.
La baisse du taux de 2,50% à 2%, pour les PEL ouverts à compter du 1er février dernier, n’a pas altéré son succès comme en témoignent les données livrées par les grandes banques à l’occasion des résultats à mi-2015. La Banque Postale souligne que les versements sur les livrets sont « en repli au profits des placements à moyen-long terme tels que l’assurance-vie et le Plan épargne logement ». Le montant présent sur les produits d’épargne logement progresse de 8,2% en un an, à 29,6 milliards d’euros, dans la filiale de la Poste. Même progression (+8,5% sur douze mois) au Crédit Agricole. Le CIC (+15,9%), le Crédit Mutuel (CM11 ; +12,2%), la Société Générale (+10,3%), la Caisse d’Epargne (+11,5%) et la Banque Populaire (+9,7%) font état de progressions encore plus importantes.

Résultat, le record d’encours global du Plan épargne logement, datant de janvier 2005, a été battu en mai 2015 avec un nouveau plus haut à 225,8 milliards d’euros selon la Banque de France. Contre 219,9 fin janvier et 189,1 milliards deux ans plus tôt. Et le PEL « devrait continuer d’attirer » lors des prochains mois juge l’économiste Philippe Crevel.

Crédit Agricole : une provision de 181 millions d’euros

L’attirance pour le PEL ne se dément pas. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire de prime abord, la forte collecte du Plan épargne logement a un impact négatif sur les résultats des banques. La faute aux « provisions PEL/CEL ». De quoi s’agit-il ? « La provision a vocation à couvrir deux types de risques », explique Laurent Quignon, responsable du pôle économie bancaire à BNP Paribas. « D’une part le risque lié à l’engagement futur de rémunération qui correspond au surcoût que la banque va supporter en rémunérant le PEL à un taux supérieur à celui d’autres ressources de maturité comparable ; d’autre part le risque que le client utilise ses droits à prêt, c’est à dire le risque, pour la banque, de prêter à un taux inférieur à celui des prêts à l’habitat du marché libre. » Dans le contexte actuel, le risque de droits à prêts PEL est mince, mais l’écart entre la rémunération du PEL et les taux en vigueur sur les marchés financiers est lui bien réel.

L’argent versé sur ce produit atteignant des sommets, les banques immobilisent des sommes de plus en plus importantes. Le Crédit Agricole fait apparaître une provision de 42 millions d’euros au 2e trimestre 2015, contre 16 millions un an plus tôt. Sur l’ensemble des six premiers mois de l’année, les provisions épargne-logement grimpent même à 181 millions d’euros dans les caisses régionales de la banque verte.

 La ressource la plus coûteuse 
« Dans le contexte actuel de taux bas, le PEL devient la ressource clientèle la plus coûteuse pour les banques », confirme Laurent Quignon. « Le taux de l’OAT 10 ans s’établit actuellement autour de 1%. Avec le PEL, les banques doivent servir le double, voire même presque le triple en prenant en compte les anciennes générations de plans », la moyenne du taux servi sur l’ensemble des PEL étant de 2,87% en juin selon la Banque de France. L’économiste ajoute que, du point de vue de l’épargnant, la fiscalité favorable du PEL (1) accentue d’autant plus ce décalage.

Il souligne que le PEL pose un autre problème de gestion de bilan pour les banques : le fait qu’il devienne « parfaitement liquide » à partir de 2 ans de détention, le client pouvant débloquer son plan quand il le souhaite tout en profitant d’une rémunération de 2%, 2,50% voire plus selon la génération de plan. Au contraire d’un dépôt à terme classique sur lequel « le rendement est la contrepartie du renoncement à la liquidité ».

Un produit nécessaire dans les agences bancaires…

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