Les autorités européennes ont mis le holà à l’utilisation des amalgames, communément appelés plombages, pour soigner les caries des enfants et des femmes enceintes, compte tenu de leur composition toxique. Sans aller jusqu’à l’interdiction totale.
C’est enfin décidé. La Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil européen se sont mis d’accord, le 7 décembre dernier, pour bannir les amalgames dentaires, en raison de la toxicité du mercure, qui entre pour 50 % dans leur composition. L’interdiction sera cependant limitée aux enfants de moins de 15 ans, aux femmes enceintes et à celles qui allaitent leur enfant. Elle s’appliquera à partir du 1er juillet 2018.
Il était temps de statuer sur les amalgames, qu’on connaît sous le nom impropre de plombages. Le mercure fait partie des métaux lourds, très mauvais aussi bien pour l’environnement que pour la santé humaine. Il aurait des effets sur le développement neurologique, le système immunitaire, l’appareil reproducteur et le système cardiovasculaire. Utilisé pour combler les caries, il peut être assimilé par l’organisme aussi bien sous forme de vapeurs au moment de la pose, que par relargage progressif dans la bouche, à cause de la salive et du frottement des dents les unes contre les autres. Le mercure passe dans les poumons et le sang, avant d’être stocké dans les organes.
L’interdiction est d’autant plus logique qu’il existe depuis longtemps des solutions pour remplacer les amalgames : « Les dentistes peuvent recourir soit aux composites, qui sont faits de résine, soit aux ciments verres ionomères (CVI) », souligne Marie Grosman, vice-présidente de l’Alliance mondiale pour une dentisterie sans mercure. Mais ces solutions prennent plus de temps, ou coûtent plus cher, d’où les réticences des dentistes. Cependant, eux-mêmes s’exposent au mercure en manipulant et en posant les amalgames, c’est pourquoi ils sont de plus en plus nombreux à ne plus les utiliser.
Même si l’Europe a choisi de restreindre sa décision aux enfants et aux femmes enceintes ou allaitantes, rien n’empêche la France de l’étendre à tous. Les signaux sont plutôt encourageants, puisque l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) n’y est pas opposée, et que la France a soutenu au niveau européen une interdiction plus large.
Faut-il enlever ses vieux plombages ?
Étant donné le risque lié au mercure qui compose les plombages, on pourrait être tenté de les faire enlever au plus vite, pour les remplacer par un matériau plus sûr. Attention cependant, la dépose est un moment délicat : l’opération a toutes les chances d’entraîner l’inhalation de vapeurs de mercure, ce qui favoriserait l’intoxication. En l’absence de symptômes, il est raisonnable de conserver ses plombages tels quels. Les personnes qui décideraient tout de même de franchir le pas doivent choisir avec soin le ou la dentiste qui enlèvera le ou les amalgames. Pour limiter les risques, des précautions très particulières s’imposent : digue dentaire, aspirateur chirurgical, combinaison, protection des yeux et du nez, etc.
Anne-Sophie Stamane