26 septembre 2011
En reprenant sur son site Pagesblanches.fr des données personnelles issues des réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Copains d’avant…), le groupe Pagesjaunes a transgressé la loi Informatique et Libertés. Même si le service n’est plus en ligne depuis mars dernier, la Cnil a décidé d’adresser un avertissement public à l’éditeur d’annuaires.
Même publiques, les informations laissées sur les réseaux sociaux ne peuvent pas être reprises par un tiers comme bon lui semble. Le groupe Pagesjaunes va l’apprendre à ses dépens. L’annuairiste vient de recevoir un avertissement public de la part de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) pour avoir repris sur son site Pagesblanches.fr des informations personnelles « aspirées » sur les six principaux réseaux sociaux (Facebook, Copains d’avant, Viadeo, Trombi, LinkedIn et Twitter). Ce « service », lancé en mars 2010, permettait d’avoir accès directement non seulement au numéro de téléphone et à l’adresse du correspondant recherché, mais aussi à une kyrielle d’informations récoltées sur le Web à son insu (photo, nom de l’employeur, établissements scolaires fréquentés, profession, etc.). En quelques semaines, la société avait aspiré et affiché sur son site pas moins de 34 millions de profils, y compris ceux de mineurs ou de particuliers figurant sur liste rouge.
« Collecte massive, répétitive et indifférenciée de ces données »
Que Choisir avait été l’un des premiers à s’interroger sur cette nouvelle pratique. À l’époque, le groupe Pagesjaunes avait contesté nos arguments en s’appuyant sur le fait que ces données avaient été laissées volontairement par les internautes sur le Web. La Cnil ne l’a pas entendu de cette oreille. Après avoir procédé à plusieurs contrôles, elle a jugé cette pratique déloyale et contraire à la loi Informatique et Libertés. Selon les termes de sa délibération du 21 septembre, le fait que des particuliers se soient volontairement inscrits sur des réseaux sociaux n’autorise pas un tiers à procéder à une « collecte massive, répétitive et indifférenciée de ces données sans en avertir les personnes concernées ». Autre souci mis en avant par la Cnil : les délais de mise à jour trop longs (parfois plus d’un an !) qui faisaient que des informations effacées de Facebook pouvaient encore apparaître des mois plus tard sur Pagesblanches.fr. La Cnil, enfin, a jugé trop complexe et peu efficace la procédure d’opposition qui devait permettre aux internautes de s’opposer à ce que leurs données personnelles soient reprises.
Après avoir eu connaissance des premiers griefs de la Cnil, le groupe Pagesjaunes a décidé, en mars dernier, de retirer ces profils de son site. Ils ne devraient pas réapparaître de sitôt. Les dirigeants de Pagesjaunes, que nous avons contactés, n’ont pas souhaité réagir.
Cyril Brosset