Administrations Santé

Santé Gare à l’asphyxie !

28 septembre 2011
Alain Bazot
Président de l’UFC-Que Choisir


Entre la nouvelle taxe sur les complémentaires santé, applicable au 1er octobre, et le désengagement continu de l’assurance maladie, le traitement gouvernemental pour soigner les maux de la Sécurité sociale engendre un redoutable effet secondaire?: l’asphyxie financière des Français.

Les usagers du système de santé sont décidément les souffre-douleur des pouvoirs publics. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2012 alourdit encore davantage le reste à charge des ménages, déjà ­difficilement supportable (6 milliards d’euros supplémentaires entre 2006 et 2009). Le désengagement de ­l’assurance maladie dans la prise en charge des malades, aussi dramatique que chronique, atteint des records depuis 1973. Et, comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement vient d’augmenter les taxes sur les complémentaires santé en arguant du caractère indolore de cette mesure… Le docteur gouvernemental pratique la méthode Coué. Comment ne pas s’alarmer de telles déclarations quand les hausses des taxes sur les ­assurances santé – multipliées par sept entre 2005 et 2012, pour atteindre 75 € par personne et par an – sont ­systématiquement répercutées sur les consommateurs ? En effet, entre 2005 et 2009, les cotisations ont progressé de 56 %, plus rapidement que les prestations ­versées. Avec cette nouvelle taxe, les ­cotisations vont augmenter, en moyenne, de 20 € par personne et par an… ­Désengagement, taxes : à trop s’appuyer sur les usagers, le gouvernement prend le risque que la béquille ne plie. Ainsi, 4 à 5 millions de Français déclarent ­renoncer à une complémentaire santé, le plus souvent pour des raisons de budget. Premières victimes de cette hémorragie financière : les seniors. Déjà fragilisés par le report sine die de la réforme de la dépendance, ils peuvent difficilement ­affronter l’inflation écrasante de leurs ­cotisations dès lors que leurs revenus baissent. En l’absence de nouveaux ­transferts de charges, leur taux d’effort pour l’acquisition d’une complémentaire atteindrait 8,9 % de leur revenu en 2020. Plus grave, si le désengagement de l’assurance maladie continuait au même rythme que depuis 2004, la fièvre tarifaire des complémentaires santé monterait jusqu’à une moyenne de 200 € par mois en 2020, soit 10,7 % de leur revenu !

L’UFC-Que Choisir, très attachée à un égal accès aux soins de toute la population, refuse que les Français soient conduits à renoncer à leur couverture complémentaire alors même qu’elle constitue un prérequis pour se soigner à coût supportable. ­L’association se mobilise et entend obtenir des parlementaires une meilleure ­préservation du périmètre d’intervention de la solidarité nationale, qui doit cesser son inquiétant déclin. L’UFC-Que Choisir rappellera donc aux prescripteurs de ­réformes que lorsque les finances publiques sont malades, ce n’est pas aux patients les plus fragiles de trinquer.

http://www.quechoisir.org/content/view/full/165755

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