Médicaments Alzheimer
La Haute Autorité de santé (HAS) a revu à la baisse l’efficacité des médicaments donnés contre la maladie d’Alzheimer. Leur intérêt est officiellement jugé faible, pour ne pas dire marginal.
L’affaire du Mediator a fait prendre conscience que des médicaments inutiles, dangereux et pourtant remboursés étaient prescrits en France. Depuis quelques mois, la question se pose à propos des médicaments proposés aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer : que valent-ils vraiment ? Ils ont « des effets au mieux modestes », a estimé la Haute Autorité de santé (HAS), jeudi 27 octobre, en conclusion de sa réévaluation des spécialités concernées :
- Ebixa (mémantine)
- Aricept (donépézil)
- Exelon (rivastigmine)
- Reminyl (galantamine).
Les quatre médicaments sont logés à la même enseigne et voient leur « service médical rendu », c’est-à-dire leur efficacité à soigner les gens, dégradé d’ « important » à « faible » (1).
Le temps joue contre eux
En effet, depuis près de vingt ans, ces médicaments n’ont pas démontré d’effet durable plus de quelques mois. Et cet effet est faible, présent seulement chez certains patients, uniquement sur les fonctions cognitives (mémoire, exécution de tâches, compréhension…). Avec le temps en revanche, de nouveaux effets indésirables ont été mis en évidence, et pas des moindres, puisqu’ils augmentent le risque cardiaque. Parfois, les effets indésirables miment les signes de la maladie. C’est en arrêtant les traitements que les médecins se sont aperçus que l’agressivité et les hallucinations disparaissaient ! Ce que l’on prenait pour des symptômes étaient les conséquences des médicaments.
La Haute Autorité de santé préconise donc de restreindre la prescription de ces traitements à un an, avec une évaluation à 6 mois pour savoir si les médicaments sont tolérés et exercent un effet bénéfique. En pratique, on est en droit de se demander sur quels critères l’efficacité du médicament va bien pouvoir être jugée.
Pas d’effet sur la qualité de vie
Car les données scientifiques indiquent des améliorations de l’ordre de quelques points sur des échelles qui en comptent 30 ou 70. Un effet si ténu que la HAS elle-même reconnaît que sa « pertinence clinique est discutable », c’est-à-dire que ces quelques points ne signifient peut-être rien de concret dans la santé et la vie des malades. Il faut bien comprendre que ce ne sont pas des médicaments qui guérissent. Il n’est pas établi qu’ils empêchent la progression de la maladie ou retardent l’entrée en institution. Ils n’améliorent pas plus les troubles du comportement, ni la qualité de vie des malades et des proches qui s’occupent d’eux. À se demander à quoi ils servent tout court…
Les malades d’autres pays européens consomment d’ailleurs nettement moins de ces traitements (voir Que Choisir santé n°26, mars 2009). En France, de nombreux malades et leurs proches devraient être confrontés à la non-prescription ou la « dé-prescription » de ces traitements. Dans le contexte douloureux de la maladie d’Alzheimer, cette décision médicale ne doit pas être vécue comme un abandon mais une meilleure prise en charge qui leur épargnera les effets nocifs de médicaments sans bénéfices tangibles.
(1) Leur taux de remboursement devrait donc être diminué de 65 à 15 %. Mais cela ne changera rien pour les patients en affection longue durée (ALD n°15) qui resteront couverts à 100 %.