Le prix de l’eau impossible comparaison européenne
La Fédération des professionnels des entreprises de l’eau (FP2E) publie un baromètre mettant en relief la modicité du prix de l’eau en France, par rapport à d’autres pays européens. Problème : dans une autre étude publiée en 2011, la même FP2E expliquait pourquoi la comparaison n’a guère de sens. À raison.
À 3,40 € le mètre cube, l’eau en France n’est pas vraiment chère. Aux Pays-Bas, elle atteint 4,20 € le mètre cube ; en Allemagne, 5,31 € et au Danemark, elle culmine à 6,55 € ! Les Français – sans parler de l’UFC-Que Choisir – auraient vraiment tort de se plaindre. Voilà en substance le message délivré par une récente étude de la Fédération des professionnels des entreprises de l’eau (FP2E). Représentant entre autres Veolia, Suez et la Saur, la FP2E a évidemment un point de vue intéressé dans cette affaire. Son expertise en matière d’eau n’en est pas moins réelle. Tellement réelle, en fait, que dans sa lettre de décembre 2011, la Fédération expliquait avec moult détails pourquoi il faut être très prudent en matière de comparaisons européennes.
Le Danemark, pour commencer. Une des raisons qui renchérit l’eau est que le pays, avec ses 72 îles habitées, a une surface maritime démesurée par rapport à sa population (7 400 km de côtes, deux fois plus que la France métropolitaine, pour 5,5 millions d’habitants). Comme les normes de rejets d’effluents en mer sont plus drastiques que celles encadrant les rejets en rivière, « les redevances d’assainissement sont élevées » au Danemark, écrit la FP2E. Pour ne rien arranger, l’eau douce n’y est pas très abondante.
En ce qui concerne les Pays-Bas, « la facture plutôt élevée s’explique, pour partie, par une redevance pour la protection de l’environnement et l’entretien des digues ». Comme le quart des Pays-Bas se trouve sous le niveau de la mer, la facture grimpe vite.
La Suède est également un cas intéressant. Elle affiche à deux centimes près le même prix moyen de l’eau que la France, mais en cumulant par rapport à notre pays des facteurs extrêmes qui s’équilibrent. Le pays est vaste et peu peuplé (sa densité de population est cinq fois plus faible que la nôtre), ce qui oblige à entretenir beaucoup plus de kilomètres de canalisations par abonnés. Heureusement pour les Suédois, l’eau pure est naturellement abondante dans leur pays.
En Allemagne, le prix de l’eau inclut une redevance sur l’élimination des eaux de pluie, qui n’existe pas en France.
Quant à l’Italie, si elle affiche le prix le plus bas d’Europe (1,12 €/m3 pour les particuliers), c’est tout simplement parce que le tarif ne reflète pas la réalité des coûts, qui sont supportés partiellement par les impôts.
Bref, les comparaisons européennes sur le tarif de l’eau ne coulent pas de source. Sauf à vouloir noyer le poisson.
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