Logement

Les locataires sont mal lotis d’après notre PDG

Alain Bazot

En cette période de rentrée, beaucoup, particulièrement parmi les étudiants et les jeunes actifs, sont à la recherche d’un logement à louer. Passer par une agence immobilière peut sembler une solution sans risque. En fait, c’est tout le contraire : les agences roulent avant tout pour les bailleurs !

Cherté des frais, incompétences, pratiques abusives, voire carrément ­illégales… la liste des reproches que l’on peut faire aux agences immobilières est longue. Entre fin mars et début avril, les enquêteurs bénévoles des associations locales de l’UFC-Que Choisir ont poussé la porte de 1 056 agences immobilières. Leur mission : tester l’accès à la location, vérifier le respect par les agences de leurs obligations légales et apprécier le service offert au candidat à la location. À l’arrivée, les griefs sont légion avec un constat : les agents immobiliers sont surtout à la solde des bailleurs, au prix souvent d’entorses avec la loi. Première déconvenue : ­l’information. Même lorsqu’elle est obliga­toire, les agences immobilières l’« oublient » un peu trop souvent : affichage des ­honoraires inexistant dans 21 % des cas, absence d’étiquetage des performances énergétiques des logements (28 %)…

Le candidat locataire a bien du mal à avoir une idée précise de ce que lui coûtera réellement le logement à l’usage. Plus grave, les agences sont tellement obsédées par la quête de garanties qu’elles en viennent à exiger des aspirants locataires des documents interdits. 62 % des agences visitées n’ont pas hésité à demander ­certificat de l’employeur, attestation du précédent bailleur, attestation de bonne gestion bancaire, photo d’identité ou ­encore autorisation de prélèvement !

Cerise sur le gâteau : les frais d’agence. Bien que l’essentiel des services proposés profite au bailleur, les honoraires acquittés par les locataires sont prohibitifs : ­pratiquement un mois de loyer hors charges (93 % en moyenne) ! Pourtant, d’après la jurisprudence, le locataire ne doit à l’agence que la seule rédaction du bail, et encore à partager pour moitié entre le locataire et le bailleur. Alors, pourquoi les frais d’agence semblent-ils souvent directement corrélés au montant du loyer ? Pour l’agent immobilier, le travail est pourtant le même, qu’il s’agisse d’une studette, d’un F5 ou d’une maison de ville ! Ces pratiques bien peu louables ne peuvent perdurer. Les locataires du ­Palais-Bourbon et du palais du Luxembourg, dont le bail arrive bientôt à échéance pour la plupart d’entre eux, seraient bien inspirés d’améliorer rapidement les ­dispositions encadrant les pratiques qui entourent la rédaction du contrat de bail.

Alain Bazot

Président de l’UFC-Que Choisir

http://www.quechoisir.org/immobilier-logement/location/editorial-agences-immobilieres-les-locataires-sont-mal-lotis

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