Gare aux imitations !
Alain Bazot
Président de l’UFC-Que Choisir
« Action de masse », « action collective », « recours collectif »… Les appellations qualifiant l’opération « autoroutes » lancée par l’avocate Corinne Lepage, fondatrice du Rassemblement citoyen, ont prêté à confusion en laissant croire qu’il s’agissait d’une action de groupe, que, rappelons-le, seules les associations de consommateurs agréées peuvent lancer. Au-delà de cette dérive sémantique, le fond de cette action est scabreux. Son fondement juridique, d’abord, est léger dès lors que l’argumentation tourne quasi exclusivement autour des rapports de la Cour des comptes ou de l’Autorité de la concurrence, qui ont dénoncé, comme l’UFC-Que Choisir, des hausses injustifiées économiquement. Si tout excès tarifaire était de facto illégal, l’UFC-Que Choisir lancerait des actions de groupe tous les jours ! De plus, cette soi-disant action collective n’est qu’un trompe-l’œil puisqu’en cas d’échec, très probable, de la médiation envisagée, les consommateurs devront agir individuellement en justice et supporter tous les risques de la procédure. Bref, cette opération de communication, silencieuse sur certaines modalités (commission de 15 % en cas de remboursement, risques financiers en cas de perte du procès) n’est qu’une campagne politique instrumentalisant le mécontentement des automobilistes. Avec le risque de les décevoir et de les frustrer. Rappelons l’échec récent de la campagne sur l’assurance emprunteur lancée par un site de juristes. Ce sont bien les actions collectives dans leur ensemble, notamment les véritables, qui risquent d’être décrédibilisées. Gare aux imitations !