L’initiative n’est pas du goût de l’Ordre des médecins : à partir de juin, l’assureur Axa proposera aux salariés bénéficiaires de sa couverture santé collective un service de téléconsultation médicale accessible à toute heure du jour et de la nuit.
C’est légal : la téléconsultation médicale telle que la proposera l’assureur Axa au travers de ses contrats collectifs santé dès le mois de juin entre dans le cadre des dispositions sur la télémédecine. Elle a, logiquement, reçu l’aval des autorités de santé.
Le service consiste à assurer l’accès à un médecin 24 h/24, 7 j/7, par téléphone, aux 2,2 millions de salariés bénéficiaires d’une couverture santé collective chez Axa. Le médecin, payé directement par l’assureur, donnera des conseils en fonction des éléments communiqués par le patient. Il pourra, si besoin, aller jusqu’à transmettre une ordonnance à la pharmacie désignée par le patient. Les certificats médicaux, les arrêts de travail et les renouvellements d’ordonnance, en revanche, ne seront pas de son ressort. Quand la situation relèvera de l’urgence médicale, il sera tenu de diriger l’appelant vers le 15. Dans l’hypothèse où le diagnostic nécessiterait un examen physique, le patient sera orienté vers son médecin traitant. L’entretien sera protégé par le secret médical et le compte-rendu de la téléconsultation sera, avec l’accord préalable du patient, adressé au médecin traitant.
Le Conseil de l’Ordre n’a pas d’objections sur le plan légal, le dispositif mis sur pied par Axa respectant scrupuleusement la réglementation qui s’applique aux actes de télémédecine. Dans une note d’analyse adressée à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, il s’interroge toutefois sur la création, parallèlement à l’actuel parcours de soins piloté et financé par la Sécurité sociale, d’une filière d’accès à la médecine aux mains des organismes complémentaires, assureurs et mutuelles. Il pointe aussi une aberration : le médecin chargé de la téléconsultation sera payé par l’assureur, tandis qu’en l’état actuel des choses, un médecin lambda qui donne un conseil par téléphone n’est pas rémunéré, les actes de télémédecine n’étant pas facturables.
Pour le patient, c’est bonnet blanc et blanc bonnet : dans un cas comme dans l’autre, il ne règle rien quand il sollicite un médecin, quel qu’il soit, par téléphone.
Concrètement, quelles sont les situations médicales que pourront gérer les médecins d’Axa ? « L’idée est de pouvoir joindre un médecin quand le médecin traitant n’est pas disponible, explique Hervé Franck, directeur en charge de la coordination santé pour Axa France. Nous avons conçu ce service pour le petit problème qui se déclare en début de week-end, une rhinite allergique, par exemple, qui peut “tomber sur les bronches”, ou pour le bobo pour lequel on hésite à déranger le 15. » Reste qu’en l’absence d’examen clinique, il y a de fortes chances que cette téléconsultation soit, avant tout, du téléconseil.