Concours général agricole, que valent les médailles selon 60 millions de consommateurs.
Nous avons comparé des vins et fromages primés en 2015 à des produits non primés. Verdict : les produits médaillés ne sont pas forcément meilleurs.
Pas de salon de l’agriculture, sans Concours général agricole. Cette année encore, il récompensera les meilleurs vins et denrées alimentaires du terroir français. Pour le vin, seule la moitié des 16 000 échantillons présélectionnés en province arrive à Paris. Un peu moins du quart finiront médaillés, soit 3 740 en 2015.
Pour les produits alimentaires, les échantillons sont prélevés chez le producteur de façon aléatoire puis envoyés à Paris. L’an passé, un quart des 4 656 produits dégustés a décroché une feuille de chêne, gage de qualité pour nombre de consommateurs. Pourtant, une fois dans le verre ou dans l’assiette, le contenu n’est pas toujours à la hauteur de ce que laissait espérer l’insigne.
Dernières places pour deux rieslings médaillés d’or
Pour vérifier cette impression, notre jury d’experts a dégusté à l’aveugle et comparé 16 rieslings et 14 saumur-champigny médaillés lors de l’édition 2015 du concours général agricole avec des non médaillés de même millésime (2014). Et, globalement, les résultats sont mitigés : les vins médaillés dans les deux catégories n’ont pas été jugés meilleurs que leurs homologues non estampillés. Deux rieslings médaille d’or se retrouvent même aux dernières places.
Nous avons aussi organisé une dégustation de comtés, et cette épreuve n’a pas fait ressortir de différence de goût ou d’odeur entre les médaillés et les autres. Moralité, en situation réelle d’achat, un produit médaillé n’apporte pas la garantie d’être exceptionnel ni même bon ou meilleur que son cousin non estampillé.
Tout le monde ou presque peut devenir juré
Comment expliquer un tel bilan ? Pour ce faire, il faut se pencher sur les méthodes d’attribution des médailles. Pour participer au concours général agricole, les producteurs doivent s’acquitter de frais d’inscription d’environ 140 € ainsi que d’une somme forfaitaire de 40 à 200 € par échantillon, selon la catégorie choisie. Mais ils savent que l’attribution d’une médaille dope les ventes… et, souvent, les prix.
Vins et produits sont dégustés une seule fois, à l’aveugle, par un jury composé de six à huit personnes. Il s’agit pour moitié de professionnels, pour l’autre de consommateurs avertis. Tout le monde ou presque peut ainsi devenir juré, recruté via les réseaux ou en s’inscrivant directement sur le site du salon de l’agriculture.
Tout se joue “à la parlante”
Une fois que les jurés ont rempli leurs fiches et attribué à chaque échantillon une note sur 20, le chef de table fait la synthèse. C’est alors que tout se joue “à la parlante” : comparaisons des notes, des avis de chaque juré et débats aboutissent à attribuer – ou pas – des médailles.
Ces dernières récompensent les produits qui se goûtent le mieux ce jour-là, en fonction des conditions et, surtout, des autres concurrents. L’attribution d’un macaron n’a donc pas de valeur universelle.
source 60 millions de consommateurs