A la veille de la conférence sur la protection des consommateurs dans le domaine financier, organisée par la Présidence française du G20, l’UFC-Que Choisir déplore la mise à l’écart des consommateurs à chacune des étapes de l’élaboration des mal nommés « Principes de haut niveau » définis par l’OCDE. Au final, ils n’auront qu’un très faible impact pour éviter une aggravation de la crise économique.
Alors que les pays du G20 ont confié en février 2011 à l’OCDE la mise en place de Principes Communs de protection du consommateur dans le secteur financier, le groupe de travail monté par l’OCDE n’a été composé que de diplomates, de représentants des gouvernements et de régulateurs financiers, à l’exclusion des représentants des consommateurs qui étaient, pourtant, les plus à même de pointer les urgences et proposer de vraies réformes ! L’UFC-Que Choisir et Consumers International (union mondiale des associations de consommateurs) n’ont eu qu’un accès très restreint aux informations et aux discussions : il nous a ainsi fallu passer par des chemins détournés pour obtenir les documents officiels soumis à discussion.
Au final, les Principes de haut niveau de l’OCDE, s’ils ont le mérite d’exister, pèchent par de grandes faiblesses :
- L’absence de nature contraignante du document pour les gouvernements comme pour les professionnels : l’application de ces Principes est laissée au bon vouloir des Etats et la multiplication des conditionnels dans le texte (« Should »), y compris pour les obligations des professionnels, affaiblit considérablement l’impact du texte ;
- L’absence de garantie des actifs pour les clients : alors que cette garantie constitue la meilleure manière de restaurer la confiance des consommateurs, les Principes n’évoquent que de vagues « mécanismes de protection » des actifs, laissant entendre que certains pays accepteraient de voir les clients perdre leurs dépôts confiés aux banques ;
- La tolérance vis-à-vis des produits financiers toxiques ou dangereux : malgré la crise des subprimes, et alors que ce principe existe dans d’autres domaines de consommation (alimentaire, électroménager), il n’est toujours pas prévu qu’un régulateur puisse retirer des produits financiers jugés dangereux pour les consommateurs et/ou pour l’économie dans son ensemble ;
- L’absence d’un organisme international de régulation : alors que les mauvaises pratiques dépassent largement les frontières et que les marchés financiers sont mondialisés, la mise en place d’un régulateur international, seul capable de contenir les abus, n’est même pas évoquée.
Bien que l’inclusion des problématiques consuméristes dans l’ordre du jour du G20 soit une première qu’il convient de saluer, les principes proposés par l’OCDE ne sont qu’une réponse insuffisante au défi lancé par la mondialisation de la finance, alors que la crise actuelle trouve son origine dans un manque de protection des consommateurs qui n’a pu être ni détectée à temps, ni circonscrite.
Au vu de ces carences, l’UFC-Que Choisir, qui interviendra demain lors de la conférence, juge indispensable la poursuite d’un renforcement significatif et demande, pour plus d’efficacité, que soient pleinement intégrées les associations de consommateurs et en particulier Consumers International qui représente les associations de consommateurs au niveau mondial.