Gaz et électricité
Entre le rapport annuel du médiateur national de l’énergie et le bilan de l’ouverture à la concurrence des marchés du gaz et de l’électricité publié par la Commission de régulation du secteur, l’énergie fait la une de l’actualité depuis quelques jours.
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a ouvert le bal en présentant le bilan de l’ouverture des marchés du gaz et de l’électricité à la concurrence sur le 1er trimestre 2015. Si le marché de l’électricité reste à 90 % dominé par les tarifs réglementés d’EDF, la CRE souligne en revanche l’accélération du passage à la concurrence pour le gaz naturel. Seuls 65 % des usagers sont encore au tarif réglementé chez GDF Suez, rebaptisé Engie depuis peu. 17 % sont restés chez ce fournisseur historique, mais en offre de marché, ce qui n’est d’ailleurs pas la meilleure option comme le prouve notre comparateur énergie. Surtout, 18 % des ménages sont désormais sous contrat avec un fournisseur alternatif.
Un succès qui doit beaucoup à l’opération Gaz moins cher ensemble de l’UFC-Que Choisir. D’abord par ses 60 000 nouveaux souscripteurs, qui ont bénéficié du tarif le plus bas du marché et d’un contrat très protecteur, expurgé de toutes les clauses abusives si nombreuses chez les opérateurs de l’énergie. Mais aussi par l’émulation que Gaz moins cher ensemble a créée. À l’annonce du résultat, -13 % TTC sur le prix du kWh, la concurrence s’est aussitôt exacerbée. À la suite du lauréat Lampiris, plusieurs fournisseurs de gaz ont joué la baisse, les offres à prix compétitif se sont multipliées. C’est tout bénéfice pour les consommateurs.
Bilan mitigé, litiges à la hausse
Pourtant, le médiateur national de l’énergie vient de présenter son rapport annuel et il est d’un tout autre avis. « Le bilan est plus que mitigé, l’ouverture à la concurrence n’a pas fait les affaires des consommateurs, a martelé Jean Gaubert, nommé à ce poste fin 2013. Elle n’a pas apporté la baisse des prix promise, en particulier pour l’électricité. » Et si le marché s’est davantage ouvert en 2014 avec un nombre important de ménages ayant quitté le tarif réglementé du gaz naturel, le médiateur a noté « une recrudescence des litiges » et des clauses problématiques. Les contrats des fournisseurs d’énergie avaient déjà été épinglés fin 2014 dans une recommandation de la Commission des clauses abusives pour toute une myriade de clauses abusives.
Dans le viseur du médiateur, le fournisseur italien Eni. Il cumule les reproches pour du démarchage à domicile agressif, des sommes réclamées à des consommateurs qui ne sont plus clients, des trop-perçus que les clients ne parviennent pas à se faire rembourser, une double facturation. « Eni n’a encore pris aucune mesure pour traiter les réclamations, déplore Jean Gaubert, jamais nous n’avons rencontré un tel désordre. » Le groupe Eni a plaidé le « changement de système informatique » pour expliquer ces nombreux litiges.
Le médiateur est également revenu sur l’opération Gaz moins cher ensemble de l’UFC-Que Choisir, saluant « un succès, une offre avec un rabais inédit et très significatif », et notant néanmoins « quelques ratés de Lampiris : factures envoyées avec plusieurs mois de retard, difficultés à joindre le service client, réclamations sans réponse ». Mais « après un démarrage difficile, les choses vont nettement mieux », a assuré Jean Gaubert.
L’UFC-Que Choisir confirme avoir reçu des alertes de souscripteurs sur les retards de factures et être intervenue auprès de Lampiris. « Des points réguliers sont effectués. À ce jour, 90 % des factures non encore émises ont été envoyées, le reliquat doit l’être au plus tard début juillet, et le fournisseur s’est dit prêt à un geste commercial, ce qu’il confirme dans un courriel adressé aux souscripteurs concernés. Leur satisfaction ne semble pas entachée par ces couacs dans l’envoi des factures », précise l’association qui dressera prochainement un bilan détaillé de l’opération.
Notre comparateur gaz et électricité