L’assurance-vie, un placement en trompe-l’œil
Le placement fétiche des Français rapporte beaucoup moins que ce qu’on raconte aux épargnants. Certains contrats font même perdre de l’argent ! Nos chiffres inédits.
L’assurance-vie, produit fétiche de l’épargne des Français, apparaît aujourd’hui sous une lumière crue. En 2014, les fonds en euros des contrats ont officiellement rapporté 2,5 % en moyenne, selon les assureurs. Mais après déduction des frais, taxes et inflation, le véritable rendement s’établit en réalité à 1,43 %. C’est le chiffre que nous obtenons en reprenant la méthode de calcul de Better Finance For All, une fédération d’associations européennes d’épargnants.
L’épargne n’a pas grimpé de 78 % en quinze ans, mais de 24 % !
Selon notre analyse, entre 2000 et 2014, la rémunération des fonds en euros n’a pas été de 5,21 % chaque année en moyenne, comme l’affichent les professionnels, mais seulement de 1,59 % en réalité nette. L’épargne n’a donc pas grimpé de 78 % en quinze ans, mais seulement de 24 %… Ce qui n’est déjà pas mal. Car il y a pire.
Le pire, ce sont les contrats en unités de compte, investies surtout en actions. Elles ont en effet perdu 21,62 % en capital entre 2000 et 2014, alors que les vendeurs affichent une hausse de 20 % ! Leur rendement annuel réel moyen sur cette période n’est donc pas de + 1,34 %, comme l’affichent les assureurs, mais de – 1,44 %.
Des commissions « oubliées » dans les calculs
Les raisons de ce hiatus entre affichage et réalité ? Les professionnels ont toujours communiqué les rendements des contrats sans tenir compte de l’inflation ni de la fiscalité. Et en oubliant d’inclure certaines de leurs commissions. Les frais sur chaque versement ne sont par exemple jamais (ou presque jamais) décomptés dans le calcul des taux de rentabilité des fonds en euros. Alors qu’ils peuvent aller jusqu’à 4 ou 5 % !
Quant aux contrats en unités de compte, ils subissent jusqu’à cinq commissions différentes, qui se cumulent ! Sans que l’épargnant ne connaisse vraiment le total de sa facture… Les frais cachés sont si élevés que l’évolution des rendements des contrats en unités de compte n’a même pas de rapport avec celle des marchés des actions.
- L’œil conciliant des autorités de régulation