Compléments alimentaires La levure de riz rouge.
Dans un contexte de croissance du marché des compléments alimentaires qui atteint désormais près d’un milliard d’euros, l’UFC-Que Choisir a analysé des compléments à base de levure de riz rouge. Sur la base d’un constat accablant, elle saisit les Autorités sanitaires, sur les risques posés par la vente en libre-service de ces produits et demande que ceux-ci soient soumis à la réglementation spécifique des médicaments.
Alors que fleurissent nombre de compléments alimentaires censés baisser le cholestérol, est publié dans le numéro du mois de décembre de Que Choisir Santé, une étude sur dix références de levure de riz rouge vendue en pharmacie, parapharmacie et Internet. Celles-ci contiennent des substances thérapeutiques dont la principale d’entre elles, la monacoline K, a pour effet de diminuer la production de cholestérol par l’organisme. L’examen de la présentation et du contenu de ces « pilules miracles » est sans appel : elles sont au mieux inutiles, au pire dangereuses et dans tous les cas muettes sur les précautions d’emploi et les effets secondaires.
Effet sur le cholestérol : 80 % de produits bidon
Alors que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA), n’autorise à communiquer sur la baisse du cholestérol qu’au-dessus de 10 milligrammes de monacoline K par jour, huit produits sur dix présentent des teneurs inférieures, parfois infinitésimales, l’écart allant de 1,6 mg/j à 5,5 mg/j, la moyenne de ces produits atteignant à peine le tiers de la dose minimale requise. C’est donc à tort que ceux-ci se vantent auprès des consommateurs de leur action sur le cholestérol.
Des substances médicamenteuses voire dangereuses en libre-service
Mais c’est au-delà de ce seuil que la situation se complique, car cette dose de 10 milligrammes par jour étant une dose thérapeutique (1), on entre alors dans l’univers des médicaments nécessitant une prescription. Ceci a motivé la position de la répression des fraudes (DGCCRF) selon laquelle la teneur maximale en monacoline K autorisée dans de simples compléments alimentaires ne doit pas dépasser ce seuil ! Or, deux produits de notre test (Herbal actives et Nat&Form) dépassent ce dosage et peuvent donc être achetés et consommés en dehors de tout contrôle médical. Plus inquiétant encore, nous avons détecté dans deux autres compléments, la présence de toxines potentiellement dangereuses pour les reins.
Carence sur les contre-indications
Alors que, comme toute molécule active, ces compléments sont susceptibles d’avoir des effets sur l’organisme, aucun d’entre eux n’indique correctement les contre-indications, effets indésirables ou interactions qui sont en revanche obligatoires sur les médicaments. Ce mutisme est d’autant plus grave qu’il existe notamment des contre-indications pour les femmes enceintes, des interactions possibles avec d’autres anticholestérols et des effets indésirables possibles sur les muscles.
Tous ces maux sont dus à un classement réglementaire inadéquat faisant dépendre ces produits de la réglementation permissive des compléments alimentaires, alors que nombre d’entre eux devraient relever de la réglementation sur les médicaments, à l’instar des décisions déjà prises par d’autres pays comme les Etats-Unis.
Déterminée à protéger la santé des consommateurs, l’UFC-Que Choisir :
– Saisit la Haute autorité de santé (HAS) et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour qu’elles se prononcent sur l’opportunité de rattacher ces produits à la réglementation spécifique aux médicaments plus protectrice pour les consommateurs ;
– Dans l’attente de cet avis, demande à la DGCCRF de faire retirer toute référence au cholestérol pour les teneurs inférieures à 10 mg de monacoline K, d’interdire la commercialisation pour les teneurs supérieures à cette valeur, et à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) d’examiner en urgence les risques posés par une utilisation de ces produits sans contrôle médical.