Lingettes bébé : la liste des produits à éviter
Par mesure de précaution, les autorités sanitaires déconseillent l’utilisation de produits contenant du phénoxyéthanol pour nettoyer les fesses de bébé. Malgré l’alerte, des fabricants, même les plus célèbres, persistent à l’utiliser. Nous avons pu le vérifier.
La plupart des parents l’ignorent. En juin dernier, l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) a émis une recommandation qui préconisait « de ne plus utiliser de phénoxyéthanol dans les produits cosmétiques destinés au siège » chez les enfants de moins de trois ans.
Appliqué sur la peau, ce conservateur passe la barrière cutanée. L’absorption est particulièrement élevée avec des produits utilisés sans rinçage, selon le rapport de l’ANSM. C’est justement le cas des lingettes couramment utilisées pour changer les bébés.
Un risque de toxicité à plus ou moins long terme
Des études chez l’animal ont mis en évidence un risque de toxicité sur les globules rouges et le foie. De plus, « le phénoxyéthanol est suspecté d’être toxique pour la reproduction et sur le développement à fortes doses chez l’animal », insiste l’Agence dans un communiqué publié en novembre pour réitérer ses recommandations.
Pour autant, plus de six mois après la première alerte, des lingettes bébé au phénoxyéthanol de grands noms du secteur continuent de s’empiler dans les rayonnages… comme si de rien n’était. 60 Millions de consommateurs n’a eu aucun mal à trouver en grande surface des produits contenant cette substance (voir la liste ci-contre, également publiée dans notre numéro de mars 2013).
Un avis non contraignant qui arrange les fabricants
Il faut dire que l’avis de l’ANSM n’est pas contraignant. Les industriels ont donc tout simplement décidé de l’ignorer. À commencer par Pampers : « Il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Aujourd’hui, le législateur français et européen autorise ce conservateur. Seule l’ANSM a émis un doute », juge Isabelle Merlay, du département recherche et développement de Procter & Gamble pour Pampers.
Et celle-ci de confirmer que toutes les références de lingette bébé de la marque Pampers – même la toute dernière nouveauté « Sensitive maximum care » – contiennent du phénoxyéthanol. « Mais à des concentrations très inférieures à 0,4 % », précise-t-elle, la limite autorisée étant actuellement de 1 %.
L’absence de plaintes des consommateurs, un faux argument
Autres arguments avancés par les industriels pour maintenir l’utilisation de ce conservateur controversé : l’absence de plaintes des consommateurs sur ces produits, et l’absence d’interdiction formelle.
« Pour nous, chez Mixa bébé, le plus important est d’avoir des produits bien conservés qui assurent la sécurité. De plus, l’ANSM n’a pas demandé de retrait », fustige Martine Cottin, directrice des affaires scientifiques et réglementaires pour la France du groupe L’Oréal, propriétaire de la marque Mixa bébé.
Les fabricants font mine de ne pas comprendre le problème. Ni irritant, ni allergisant, le phénoxyéthanol ne provoque pas de réactions aiguës immédiates ou à court terme. D’où l’impossibilité, pour l’Agence, de prononcer une interdiction.
Les interrogations à son sujet portent bien sur une toxicité à long terme, du fait d’expositions cumulées. Si plaintes de consommateurs il y a, elles ne devraient donc pas arriver… avant plusieurs décennies !
Et si on revenait au carré de coton et à la lotion ?
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