Médicaments déremboursements en série
Après réévaluation, le service médical rendu du Multaq et de l’Actos, deux médicaments que les autorités estimaient jusque-là efficaces, a été jugé insuffisant. Ils ne seront plus remboursés à partir du 1er décembre prochain.
La saga des médicaments déremboursés se poursuit. Après le Protelos (ranélate de strontium), qui ne sera plus pris en charge qu’à hauteur de 30 % par l’assurance maladie à compter du 1er janvier 2012, c’est au tour du Multaq (dronédarone) d’être déclassé. Cet antiarythmique commercialisé par Sanofi-Aventis ne sera carrément plus remboursé du tout dès le 1er décembre prochain.
Et il était temps. Car ce médicament ne présente, par rapport aux molécules existantes, notamment l’amiodarone, aucun intérêt supplémentaire dans le traitement des troubles du rythme cardiaque. En plus, il serait à l’origine de graves effets secondaires pouvant aller jusqu’à la transplantation hépatique.
Dans un premier temps, et malgré l’évidence, le faible intérêt du Multaq n’avait pas franchement sauté aux yeux de la Haute Autorité de santé (HAS), qui lui avait reconnu un service médical rendu « important ». Avis sur lequel s’était appuyée l’assurance maladie pour, dans la foulée, l’admettre au taux de remboursement maximum, soit 65 %. Une bénédiction pour Sanofi-Aventis, d’autant qu’un mois de traitement est facturé plus de 80 €, contre moins de 10 € pour l’amiodarone, tombée dans le domaine public.
Heureusement, le Multaq a fait l’objet d’une réévaluation cet été et ses caractéristiques ont été cette fois regardées de plus près. La Commission de la transparence a logiquement conclu à un service médical rendu insuffisant, ce qui justifie aujourd’hui le déremboursement.
La même démarche s’est appliquée au cas de l’Actos (pioglitazone), à quelques semaines près. L’antidiabétique est passé d’un service médical rendu important à insuffisant. La molécule n’est actuellement plus disponible, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) ayant suspendu sa commercialisation en raison d’un risque accru de cancer de la vessie. Mais l’Agence européenne du médicament (EMA), dont les avis priment sur ceux de l’Afssaps, devrait prochainement décider de le remettre sur le marché. Le dérembourser constitue une façon de limiter, par avance, sa prescription.