Les œufs date de consommation fausse ou dépassée,mauvais calibres, allégations mensongères… La Répression des fraudes relève une batterie d’infractions selon 60 millions de consommateurs.
Serait-ce la grande pagaille sur le marché de l’œuf ? L’enquête qu’ont menée les services de la Répression des fraudes au cours de l’année 2014, dont les résultats viennent juste d’être publiés, montre en tout cas que le secteur a de gros progrès à faire.
Un quart des 193 entreprises visitées ne respectent pas la réglementation. Et « la moitié des opérateurs contrôlés présentent au moins un manquement », note la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), sans citer aucun nom.
Quatre mois au lieu de 28 jours !
Les infractions ne concernent pas uniquement les petits acteurs du secteur (marchés, fromageries…) comme on pourrait le penser. De gros opérateurs – centres de conditionnement industriel ou grandes surfaces – sont ainsi épinglés.
Tout d’abord, et c’est le plus grave, il y a du laisser-aller en matière de dates de ponte et de consommation. Les agents de la DGCCRF ont constaté dans certains centres d’emballage que la date de durabilité minimale (DDM) affichée sur l’œuf n’était pas conforme. Par exemple, des œufs collectés et conditionnés le 24 février étaient vendus avec une DDM au 26 juin, soit quatre mois plus tard alors que la loi prévoit un délai de 28 jours !
Œufs moyens vendus comme gros
Les anomalies concernent toutes les étapes de la chaîne, jusqu’à la vente. Trois grands distributeurs ont ainsi été pris en flagrant délit de vente d’œufs dépassant la date limite de vente réglementaire. Quant aux commerçants des marchés de plein air ou des boucheries et charcuteries qui vendent des œufs en vrac, ils semblent souvent ne pas bien connaître la réglementation. Certains omettent d’afficher certaines mentions obligatoires, par exemple concernant le mode d’élevage (en cage, au sol, en plein air ou bio).
Les dispositions réglementaires sont aussi méconnues des exploitants de centres d’emballage de taille modeste, comme le souligne la Répression des fraudes. Et même de ceux d’un « centre de conditionnement important ». Ce dernier s’est rendu coupable de défauts de marquage : sur un même lot d’œufs, 26 % étaient privés du code producteur ; et une grande majorité d’un autre lot étiqueté avec un calibre « gros » étaient en réalité de taille moyenne !
Des photos d’extérieur sur des œufs de batterie
Certains exploitants n’hésitent pas à recourir à des allégations mensongères : affichage d’un faux jour de ponte, mention « Label rouge » utilisée à tort, utilisation de photos d’extérieur alors que les poules sont élevées en batterie, œufs estampillés bios sans que l’atelier de négoce ne puisse prouver qu’ils le sont…
Enfin, dans un cas, les contrôleurs ont constaté une absence totale de traçabilité sur deux lots d’œufs, et même la vente au consommateur d’œufs de catégorie B, qui sont pourtant exclusivement réservés à l’industrie.
La DGCCRF précise que la plupart des établissements épinglés « ont rapidement apporté les garanties et preuves de remise en conformité », mais qu’elle va continuer à exercer une pression de contrôle. Un tel taux d’anomalies reste en effet inacceptable – d’autant que conditionneurs et distributeurs avaient déjà fait l’objet d’un remontage de bretelles en 2012… Espérons que, cette fois, l’avertissement ne sera pas étouffé dans l’œuf.
source http://www.60millions-mag.com/