Poissons vendus sous de fausses étiquettes
De nombreux poissons seraient vendus sous une fausse étiquette aux États-Unis. Un problème purement américain ? Non : on retrouve les mêmes abus en France. 60 Millions de consommateurs a déjà dénoncé ce phénomène à deux reprises. Nouveau scandale dans l’alimentaire. Après la viande de cheval dans les plats cuisinés, voici le poisson mal étiqueté. Une organisation non gouvernementale américaine, Oceana, vient de publier une étude qui révèle qu’aux États-Unis, un important pourcentage des poissons sont vendus sous de faux noms.
Fausse appellation pour un tiers des poissons
De 2010 à 2012, l’ONG a procédé à des tests ADN sur 1 215 échantillons collectés dans 674 magasins d’alimentation et restaurants de vingt et un États. Un tiers des poissons analysés ne correspondaient pas à l’espèce affichée sur l’étal ou sur la carte !
Le vivaneau est particulièrement concerné par ces fraudes. 47 espèces peuvent être commercialisées sous ce nom aux États-Unis ; mais dans 87 % des cas, l’espèce ne correspond pas à l’étiquette. Et plus des trois quarts de ces poissons n’appartiennent même pas à la famille des vivaneaux, la plupart étant des tilapias ou des sébastes.
Le thon fait aussi partie des poissons les plus mal étiquetés : 67 des 114 échantillons étaient en réalité issus d’une autre espèce qu’annoncée, soit un taux d’erreur de 59 %. Dans des proportions moins élevées, morues, flétans, bars chiliens et saumons font aussi l’objet d’erreurs.
Les restaurants de sushis, de très mauvais élèves
Ce sont surtout les restaurants de sushis qui trichent, puisque 71 % des échantillons de thon étudiés, et jusqu’à 92 % des échantillons de vivaneau, se sont révélés faux. « Nous sommes conscients que des problèmes de traduction japonais-anglais peuvent expliquer le haut niveau d’erreur d’étiquetage découvert dans cette étude, admettent les auteurs. Toutefois, […] les noms légaux doivent être uniformément adoptés aux États-Unis. »
Oceana n’a cependant pas pu identifier d’où provenait la fraude : ce faux étiquetage intervient-il sur le bateau de pêche, pendant le traitement du poisson, lors de la vente au détail, ou à un autre moment ?
Les États-Unis loin d’être les seuls
Si l’étude se limite strictement aux États-Unis, le problème de la traçabilité des produits de la mer qu’elle soulève se pose partout, y compris en Europe.
Ainsi, selon une étude publiée en 2011 dans la revue Fish and Fisheries, 28 % du cabillaud (ou morue) vendu en Irlande et 7 % de celui qui est vendu au Royaume-Uni était mal étiqueté. Il s’agissait en réalité de merlan ou de lieu jaune ou noir.
Le griset se faisait passer pour une dorade
Et la France n’échappe pas à ces problèmes d’étiquetage : à deux reprises, 60 Millions a constaté ce phénomène. D’abord, en 2001, nous avons analysé des poissons frais sur lesquels nous savions que les fraudes étaient fréquentes. Et nous avons trouvé un griset qui se faisait passer pour une dorade, des loups de mer vendus sous le nom de bar, des flétans qui étaient des flétans noirs, etc. Au total, sur 29 vérifications, le taux de fraude atteignait 69 % !
En 2010, 60 Millions réitère l’expérience – et, là encore, la pêche se révèle fructueuse : sur 39 filets, 15 sont mal étiquetés. Les cinq filets de sébaste du nord se sont transformés en rascasse en arrivant sur l’étal ; les cinq flétans noirs ont perdu l’adjectif « noir »…
Méconnaissance de la réglementation
à suivre ; http://www.60millions-mag.com/actualites/articles/poissons-d-avril-avant-l-heure