Le directeur général de la Mutualité française, Jean-Martin Cohen-Solal, a annoncé son souhait de voir les mutuelles, qui couvrent plus de la moitié de la population française, rembourser les médicaments selon leur efficacité. Bien que favorable au principe de remboursement des médicaments selon leur utilité médicale et à toute action incitant l’industrie à la production de médicaments au service médical rendu authentiquement amélioré, l’UFC-Que Choisir est assez critique face à une telle mesure dont l’efficacité est douteuse et cause un dommage certain aux patients.
A de nombreuses reprises, l’UFC-Que Choisir a dénoncé les prescriptions excessives de médicaments faiblement efficaces dont les coûts pèsent sur les dépenses de santé. Face à ce phénomène, il est d’abord impérieux de revisiter l’accès des médecins à une information plus impartiale et indépendante de l’industrie pharmaceutique.
Or, les mutuelles ne proposent aucune mesure à destination des médecins, seuls à même de diminuer les prescriptions de médicaments faiblement efficaces. En ciblant uniquement les consommateurs, les mutuelles ne s’attaquent donc pas aux vraies causes de l’irrationalité de certaines prescriptions ni à celles de la croissance des dépenses de médicament. En outre les consommateurs perdront, eux, toute visibilité sur les montants des remboursements de leur assurance santé pour les médicaments faiblement remboursés par l’assurance-maladie. La conséquence de la mesure prônée par les mutuelles risque donc de se ramener à une baisse des prestations de remboursement pour les assurés sans effet sur les prescriptions.
L’UFC-Que Choisir s’interroge, en outre, sur l’affectation des sommes économisées par les mutuelles avec une telle mesure. Force est de constater qu’aucun engagement n’est pris sur l’affectation de cette manne. Ce trésor de guerre sera-t-il redistribué aux assurés via une baisse des cotisations ? Sera-t-il consacré à un meilleur remboursement des médicaments plus efficaces ? Ou viendra-t-il grossir les frais et marges des organismes complémentaires dont la Cour des comptes dénonçait les niveaux dans un rapport de 2008 ?
Dans un contexte où une part croissante des dépenses de médicaments reste à la charge des consommateurs et où de plus en plus de personnes renoncent à se soigner pour des raisons budgétaires1, l’UFC-Que Choisir s’inquiète de cette proposition des mutuelles qui :
Accroît encore le poids des dépenses de santé à la charge des consommateurs.
Est inopérante pour diminuer les prescriptions de médicaments faiblement efficaces.
Ne s’accompagne pas d’engagement précis sur l’utilisation des dépenses économisées.
http://www.quechoisir.org/pages/editos/Remboursement-des-medicaments-par-les-mutuelles-selon-leur-efficacite-Une-mesure-peu-efficace-et-dommageable-aux-seuls-consommateurs/B90FD3D9BA894BC8C125778500443B0E.htm