Retardateurs de flamme toxiques et sans efficacité prouvée
Faut-il imposer le traitement des matelas et des canapés par les retardateurs de flamme pour améliorer la sécurité incendie ? L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) répond par la négative.
Risquer de mourir dans un incendie ou intoxiqué à petit feu par des retardateurs de flamme nocifs, Que Choisir avait soulevé le débat en 2010 avec un test sur l’inflammabilité des canapés. Nos résultats étaient préoccupants. Sur 13 modèles testés en laboratoire, 12 prenaient feu trop facilement. Ils brûlaient en dégageant des fumées toxiques qui peuvent tuer. Inadmissible, concluait-on. Les vidéos de ce test parlaient d’elles-mêmes.
L’année suivante, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) saisissait l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire, sur la nécessité ou non d’imposer le traitement des matelas et des meubles rembourrés grand public par des retardateurs de flamme. Après 3 ans d’expertise, l’Anses vient de rendre ses conclusions, et la réponse est non.
Le premier volet de l’expertise a porté sur l’efficacité supposée des retardateurs de flamme pour réduire le risque incendie. De multiples données ont été analysées, mais l’avis de l’Anses est formel, il n’existe aucune preuve de l’efficacité des retardateurs de flamme. Beaucoup d’autres facteurs, campagnes d’information, baisse du tabagisme à domicile, généralisation des détecteurs de fumée… expliquent la diminution du nombre d’incendies domestiques, notamment au Royaume-Uni et en Californie, deux États qui avaient également imposé le traitement ignifuge des matelas et des canapés.
Le deuxième volet a concerné les effets potentiels des retardateurs de flamme sur la santé et l’environnement. Sur les 22 substances identifiées et analysées, « il n’est pas possible de garantir l’absence de migration ou d’émissions, quel que soit le retardateur de flamme utilisé », concluent les experts. Or ces composés chimiques comptent des substances toxiques pour la reproduction, des perturbateurs endocriniens, d’autres ayant un effet sur la thyroïde ou le système immunitaire, d’autres encore qui sont potentiellement cancérogènes ou neurotoxiques. Plusieurs sont en outre écotoxiques pour le milieu aquatique et si peu biodégradables qu’elles contaminent l’environnement pour longtemps.
Le rapport bénéfices/risques leur étant clairement défavorable, l’Anses déconseille le traitement des meubles rembourrés par les retardateurs de flamme et recommande de privilégier des mesures alternatives : les détecteurs de fumée qui sont obligatoires depuis mars dernier, le contrôle des installations électriques et les campagnes de sensibilisation du grand public au risque incendie.
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