Roland-Garros des conditions de remboursement très limites
En raison d’une météo exécrable, certains matchs prévus à Roland-Garros le mardi 31 mai n’ont pas pu se dérouler dans leur intégralité. Grands perdants de ces annulations et reports : les spectateurs qui ont payé le prix fort et qui ne seront pas remboursés en raison de conditions générales de vente qui leur sont particulièrement défavorables.
Les affiches étaient prometteuses ce mardi 31 mai, avec des joueurs comme le n° 1 mondial Novak Djokovic, le français Richard Gasquet opposé au n° 2 Andy Murray ou Serena Williams et Agnieszka Radwanska, respectivement n° 1 et 2 au classement des joueuses. Mais la pluie, comme depuis le début de l’édition 2016 de Roland-Garros, est venue perturber ce beau programme. La veille déjà, la journée avait été totalement annulée, et comme aucun match n’avait eu lieu, les spectateurs détenteurs d’un billet seront intégralement remboursés. Mais la donne est différente ce 31 mai car certains matchs ont pu débuter.
Et dans ce cas, les modalités de remboursement sont différentes :
- Moins de 1 heure de jeu : 100 % de remboursement
- Entre 1 heure et 2 heures de jeu : 50 % de remboursement
- Après 2 heures de jeu : aucun remboursement
Le match qui a mis le feu aux poudres est celui opposant Novak Djokovic à Roberto Bautista-Agut interrompu au bout de 2 h 01 d’échanges. Une minute qui coûte cher aux spectateurs car elle implique que les billets ne seront pas remboursés. Une véritable disproportion entre le montant de la prestation et la prestation à laquelle ont réellement assisté les spectateurs.
Une drôle de logique de la part des organisateurs du tournoi qui décident ainsi qu’un billet permettant d’accéder à plusieurs heures de matchs n’est plus remboursé après seulement 2 heures de compétition. À moins que la FFT (Fédération française de tennis) ne considère l’accès à Roland-Garros, c’est-à-dire au stade, et non le fait d’assister à des matchs, comme la prestation due aux acheteurs de billets.
Cette limite horaire imposée sur le match Djokovic – Bautista-Agut est d’autant plus curieuse que sur les courts mitoyens elle n’a pas été atteinte. Selon un communiqué de la FFT : « Les billets du mardi 31 mai seront remboursés selon les CGV : excepté le central Philippe-Chatrier, tous les courts seront remboursés à 50 %. » Ironiquement, les organisateurs ont cru bon ajouter dans le même communiqué : « Bien consciente de la déception de son public, la Fédération française de tennis offrira la possibilité aux spectateurs grand public des lundi 30 et mardi 31 mai 2016 d’acheter en priorité des billets sur les mêmes journées en 2017. » En substance, les spectateurs qui n’ont pu assister qu’à 2 h 01 de match mais qui ne seront pas remboursés pourront acheter avant les autres des billets plein tarif pour le tournoi de l’année prochaine !
CLAUSE DISPROPORTIONNÉE
Se pose donc la question des conditions générales de vente. Refuser tout remboursement si le temps de jeu est supérieur à 2 heures semble pour le moins disproportionné. Surtout que la pluie s’invite régulièrement à Porte d’Auteuil. Selon les calculs du Monde, il pleut un jour sur trois à Roland-Garros depuis les 10 dernières éditions, donc rien d’imprévisible dans ce phénomène météorologique, même si les précipitations sont particulièrement denses cette année.
Ce sont donc les spectateurs qui supportent, en cas d’intempéries, le risque de matchs annulés et de billets non remboursés quand les organisateurs décident de faire jouer des matchs plus de 2 heures qui n’iront pas à leur terme. Une attitude pas franchement fair-play. D’autant plus que la FFT demande aux acheteurs d’envoyer leur dossier dans des délais relativement courts, avant le 18 juin, pour obtenir le remboursement des billets (1).
L’UFC-Que Choisir va examiner les possibilités ouvertes aux consommateurs pour faire valoir leurs droits. À moins que la FFT ne se décide de faire un geste et de rembourser a minima les spectateurs d’un match qui aura duré 60 secondes de trop.
(1) FFT – Service billetterie, 2 avenue Gordon-Bennet, 75016 PARIS, FRANCE
Franck Attia