Roundup le glyphosate sauvé par Bruxelles
Les États membres avaient refusé de se prononcer clairement sur l’interdiction ou la réautorisation du glyphosate. La Commission européenne vient donc de trancher pour eux, c’est oui au Roundup et à ses concurrents.
C’est l’épilogue d’un feuilleton qui ne grandit pas les dirigeants politiques. Appelés à se prononcer sur le renouvellement de l’autorisation du glyphosate, la matière active du célèbre Roundup (Monsanto) et des désherbants concurrents, ils avaient créé la surprise en mars dernier en refusant de voter sa réautorisation pour 15 ans comme le leur proposait la Commission européenne. Depuis, la Commission de Bruxelles était revenue plusieurs fois à la charge, en réduisant à chaque fois la durée d’autorisation initialement prévue. Elle avait d’abord ramené le renouvellement de 15 à 9 ans, sans succès.
Si bien qu’au 4e vote qui a eu lieu le 24 juin dernier, sa proposition n’était plus que de 18 mois. Les États membres ont à nouveau refusé de la valider, la Commission n’a pas obtenu la majorité qualifiée nécessaire au renouvellement.
En bonne logique démocratique, après ces 4 échecs de l’exécutif européen face aux États, le glyphosate aurait dû être interdit dans l’Union européenne dès ce 1er juillet.
Sauf que dans ce drôle de feuilleton, les États membres qui ont adopté une posture antiglyphosate n’ont fait que jouer au poker menteur. Les opposants se sont bien gardés de voter formellement contre le renouvellement, ils ont seulement refusé de voter pour, en s’abstenant. En droit européen ça change tout, ça revient à laisser la décision finale à la Commission de Bruxelles. Fidèle à sa proposition, l’exécutif européen vient donc de prolonger l’autorisation du glyphosate pour 18 mois, deux jours avant l’échéance couperet qui aurait mis fin à la commercialisation et à l’utilisation de ce désherbant dans toute l’Union européenne.
Avec une belle hypocrisie, les gouvernements qui n’ont pas soutenu la réautorisation de ce pesticide classé « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) vont ainsi pouvoir se défausser de leur responsabilité sur la Commission européenne tout en permettant au monde agricole de continuer à désherber tant et plus à coups de glyphosate !
Élisabeth Chesnais