Santé

Test crèmes solaires pour enfant réponse aux polémiques

Test crèmes solaires pour enfant réponse aux polémiques

Il y a quelques jours, l’UFC-Que Choisir dressait un constat inquiétant après avoir testé des crèmes solaires pour enfants : un tiers des produits analysés assurait une protection aux UVA significativement inférieure aux recommandations européennes. Rapidement, certains fabricants et autres syndicats professionnels du secteur cosmétique ont mis en doute la fiabilité de nos tests afin de discréditer nos résultats. Nous maintenons bien entendu nos conclusions  et nous répondons aux critiques, à peine sincères, en ce qui concerne la méthode de notre test et d’éventuelles erreurs d’interprétation.

Méthode in VITRO contre méthode in VIVO pour la détermination de la protection UVA

Pour les UVA, nos tests de crèmes solaires pour enfants ont été réalisés selon une méthode in vitro. Comme déjà expliqué à maintes reprises, la méthode in vitro pour la détermination des UVA est la méthode recommandée au niveau européen. Le grand syndicat européen des fabricants de produits cosmétiques, Cosmetics Europe, le précise très clairement sur son site Internet : la méthode in vitro « is now considered as the reference method within the EU. Cosmetics Europe therefore recommends cosmetic manufacturers to use this standard to determine the UVA Protection Factor” (1). Traduction : la méthode in vivo est maintenant considérée comme la méthode de référence au sein de l’UE. Cosmetics Europe recommande donc aux fabricants de produits cosmétiques d’utiliser cette norme pour déterminer le facteur de protection UVA.

Au niveau français, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) recommande également cette même méthode. L’Agence l’a déclaré la semaine dernière à l’AFP : « Le test in vitro est développé et utilisé par les laboratoires de l’ANSM ».

La méthode in vitro est celle que Que Choisir utilise depuis des années. Dans nos précédents tests, ni les fabricants ni leur fédération (la FEBEA) n’ont contesté notre recours à cette méthode.

Mais par le passé, Que Choisir n’avait pas engagé d’action en justice pour les produits non conformes  (1 en 2013 et 3 en 2011) comme c’est le cas cette année. Peut-être peut-on y voir un lien de cause à effet…

Cosmetics Europe rappelle aussi que la méthode in vitro donne des résultats équivalents à la méthode in vivo : “For UVA protection testing, preference is given to the standardised in vitro test method which avoids the need for in vivo testing while delivering equivalent results.” Traduction : pour les tests de protection UVA, la préférence est donnée à la méthode standardisée de test in vitro qui évite le recours à des essais in vivo, tout en délivrant des résultats équivalents.

La FEBEA, la puissante fédération des entreprises de beauté, n’a-t-elle pas connaissance des prises de position de Cosmetics Europe et de l’ANSM ?

Quant à la Société française de dermatologie (SFD) qui a publié le 6 juillet une « mise au point », elle ne semble pas convaincue de sa propre position quand elle affirme à grand renfort de conditionnel :« En l’absence de référence officielle, il nous semble cependant pertinent de penser que les techniques de mesure de protection en UVA in vivo, c’est-à-dire en conditions réelles d’usage seraient plus pertinentes ».

Erreur d’interprétation de que Choisir, vraiment?

Plusieurs fabricants ainsi que la FEBEA ont accusé Que Choisir de s’être trompé. C’est faux. Sans rentrer dans des considérations techniques, ils n’ont pas su lire les résultats qui leur ont été communiqués, supposant que le ratio (FPS affiché sur l’étiquette divisé par la valeur de l’UVA) n’avait pas été correctement calculé. La FEBEA a cru sur parole ses adhérents et n’a pas procédé à la moindre vérification. Elle a accusé sans preuve Que Choisir d’avoir fait « une petite erreur de méthodologie ». Une réaction étonnante quand on sait que depuis des années, nous transmettons à l’identique les résultats de nos analyses aux fabricants. Si quelques-uns les ont étrangement mal interprétés cette année, d’autres mis en cause les ont tout de suite compris.

Un petit rappel historique nous semble nécessaire. La recommandation européenne sur l’efficacité des produits cosmétiques date de 2006 (2). Depuis 10 ans maintenant, les produits de protection solaire doivent garantir une protection UVA minimale, au minimum d’un tiers du facteur de protection solaire (FPS). Quoi qu’en disent les fabricants, Que Choisir a largement eu le temps de maîtriser ce calcul simplissime de ratio FPS/UVA.

Si les résultats de nos tests mettent en exergue la faible protection aux UVA de quelques crèmes solaires pour enfants, ce n’est peut-être pas en raison de notre méthode d’analyse. La qualité intrinsèque de certains produits est sûrement à revoir. Fabricants et fédérations professionnelles feraient mieux d’améliorer ces crèmes solaires plutôt que de tenter de discréditer nos analyses, fruits d’un travail indépendant et impartial.

(1) https://www.cosmeticseurope.eu/publications-cosmetics-europe-association/guidelines.html?view=item&id=33
(2) Recommandation de la Commission européenne du 22 septembre 2006 relative aux produits de protection solaire et aux allégations des fabricants quant à leur efficacité.

Gaëlle Landry, Franck Attia

source https://www.quechoisir.org/

 

 

 

 

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