Halte aux escrocs du trading en ligne selon 60 millions de consommateurs
Définition :
Le trading qualifie des opérations d’achats et de ventes sur différents types d’actifs pour de très courtes durées ayant pour finalité la réalisation d’un profit.
Ces opérations de trading ont le plus souvent un caractère spéculatif. Elles sont le fait d’un opérateur appelé trader qui les négocie à partir de la salle des marchés d’une institution financière.
Dûment agréés ou gérés par de vrais arnaqueurs, des sites web d’aspect enjôleur mènent le petit épargnant à la ruine.
Pour contacter Henri par téléphone, il fallait laisser sonner deux fois. Puis le rappeler. Il savait alors que ce n’était pas son « coach » financier qui le relançait. Car celui-ci ne cessait de l’appeler pour le pousser à investir à nouveau sur le Forex et les options binaires. Pour « se refaire ».
Mais les appels ont cessé, son compte a été fermé. Henri n’ose avouer les sommes perdues quand il se croyait trader. Mais ça se compte en dizaines de milliers d’euros.
Une bourse où l’on ne peut pas s’enrichir
Le Forex, ou Foreign Exchange, est une bourse mondiale où l’on échange les monnaies. Les opérations se font de gré à gré, c’est-à-dire sans régulation ni encadrement, et on traite directement entre vendeurs et acheteurs. Les grandes entreprises s’y procurent les devises afin de régler leurs fournisseurs locaux. Un marché de produits dérivés leur permet de se couvrir contre les risques de baisse de la devise dans laquelle elles sont payées.
Sauf spéculation d’un magnat de la finance ou de puissantes sociétés financières contre une devise, il ne s’agit pas d’un marché où l’on peut a priori s’enrichir. Contrairement aux actions, qui peuvent générer un dividende et une plus-value, la détention de monnaies ne rapporte rien en soi. Et il est quasiment impossible d’en prévoir l’évolution.
Des gains fictifs pour vous faire mordre à l’hameçon
Avec Internet, ce marché a malheureusement été ouvert aux simples particuliers. Henri, et tant d’autres comme lui, s’est fait appâter par des publicités. Promesse de gains rapides et importants, possibilité de faire du trading un métier : la tentation est grande. On lui a ouvert un compte pour du beurre. Juste essayer, et le convaincre qu’il était fait pour spéculer. Et il a gagné pas mal d’argent – virtuellement. Les comptes virtuels sont toujours gagnants…
Mis en confiance, Henri a démarré les opérations avec son propre argent. Gagnantes, mais bidonnées là encore. C’est là qu’il a fourni son numéro de carte bancaire à son coach. Un coach qui lui a apporté tous les conseils, qui s’est occupé des ordres, et qu’il a tutoyé assez vite… Presque un ami, malgré les premières pertes, pourtant sévères. Mais il fallait se refaire. Toujours persévérer… Les appels du coach pour réinvestir sont devenus de plus en plus insistants. Un harcèlement.
De la séduction au harcèlement
« Toute l’arnaque repose sur un jeu de séduction et de promesses de gains pour obtenir vos numéros de téléphone et de carte bancaire, explique Gilles Pouzin, animateur du site de déontologie financière Deontofi. Ensuite, il est impossible de récupérer le moindre centime, car l’argent s’est envolé dans des paradis fiscaux et les intermédiaires opèrent tous depuis l’étranger avec de faux noms et des serveurs virtuels. »
En 2010, la première liste noire de l’Autorité des marchés financiers (AMF) signalait quatre plateformes illégales à fuir. Dans son communiqué du 15 juillet 2015, elle en dénombre soixante-quatorze !
Effrayante explosion de plaintes
Et ces sites savent y faire pour appâter le chaland : une bannière financière sur deux diffusées sur le Web français incite l’internaute à se lancer dans le trading, selon l’AMF. Certaines plateformes investissent jusqu’à 200 000 € par mois en publicité pour rabattre des clients.
Le décompte des victimes est impossible à établir. Honteuses comme Henri, nombre d’entre elles préfèrent ne pas se faire connaître. « Nous ne voyons qu’une petite partie de l’iceberg, affirme Natalie Lemaire, chargée des relations avec les épargnants à l’AMF.Mais l’explosion des plaintes est effrayante, elles sont passées de 64 en 2011 à 1 293 en 2014. »
Deux façons de perdre son argent avec le trading
Il existe deux façons de perdre son argent avec le trading en ligne : à travers des escrocs qui vous volent, comme c’est le cas d’Henri ; ou via des intermédiaires agréés qui prennent une solide commission sur chaque opération (environ 14 %) pendant que votre capital fond rapidement. Les leaders de ce trading « officiel » s’appellent IG Markets, FXCM et Saxo Banque.
Même avec ces opérateurs légaux, les paris financiers sur le Forex et les options binaires (les CFD, en anglais) sont presque toujours perdants : neuf épargnants sur dix y laissent de l’argent, selon une étude de l’AMF. Et pas qu’un peu ! Les 14 799 personnes suivies pendant quatre ans par l’AMF ont englouti la somme faramineuse de 161 115 000 €, à travers 16 millions d’opérations. Soit 10 887 € envolés en moyenne par client…
- Des pertes décuplées, comme par magie
- La réglementation piétinée
- Une véritable machine à perdre des sous
- Des pays de l’Union européenne bien trop conciliants