Alors qu’un hiver rigoureux risque de faire exploser notre consommation d’électricité, l’UFC-Que Choisir, au vu du scandale financier que représente le chauffage électrique pour tous les consommateurs, en appelle à une véritable transition énergétique. Mais le lancement, mouvementé, du débat national sur l’énergie n’augure rien de bon.
Si nul n’ignore que le chauffage électrique est particulièrement onéreux, voire polluant du fait du recours aux centrales à charbon pour supporter les pics de consommation hivernaux, combien savent que nous subissons tous, à travers notre abonnement électrique et le prix du kilowattheure, les surcoûts du chauffage électrique ? À l’heure où la transition énergétique fait débat au parlement, il est nécessaire de court-circuiter cette gabegie économique et environnementale, en s’attaquant enfin à la captivité des consommateurs vis-à-vis du chauffage électrique ou, du moins, en s’efforçant d’en atténuer les effets. Le débat national sur la transition énergétique sera-t-il l’occasion tant attendue d’alléger les dépenses énergétiques des Français tout en réchauffant la cause environnementale ? On peut en douter…
D’entrée, la composition de son comité de pilotage a légitimement suscité la polémique. Comment ne pas s’étonner que deux des cinq « sages » soient des ex-dirigeants de la filière nucléaire ? Certaines associations ont d’ores et déjà annoncé qu’elles boycotteraient le débat. Si elle est conviée (1), l’UFC-Que Choisir ne manquera pas de faire entendre sa voix et d’avancer des propositions concrètes de réformes pour une véritable politique de transition énergétique. Notre projet, autofinancé, repose sur deux piliers : d’abord un audit énergétique du parc de logements pour dresser l’état des lieux afin de mieux cibler l’action des pouvoirs publics ; ensuite la mise en place d’un véritable plan d’action qui s’appuierait sur une politique incitative et réaliste, notamment pour les ménages modestes.
Pour créer un système d’incitation fort, nous proposons notamment d’introduire un bonus-malus « rénovation énergétique ». Il récompenserait fiscalement les rénovations entreprises et pénaliserait la mauvaise performance énergétique du logement. L’intérêt du bonus-malus est double : il stimule la rénovation énergétique en réduisant la période de retour sur investissement des travaux de rénovation et il s’autofinance. Le bonus, donné aux ménages ayant effectué des travaux, est compensé par un malus appliqué aux foyers qui, en capacité d’investir, n’ont pas la volonté d’améliorer la performance énergétique de leur logement. C’est un véritable plan Marshall, qui touche l’ensemble des ménages (propriétaires ou locataires) que réclame l’UFC-Que Choisir pour réussir l’indispensable transition énergétique de l’habitat.
(1) À l’heure où ces lignes sont écrites, l’UFC-Que Choisir, déjà oubliée lors de la Conférence environnementale, n’a toujours pas été conviée au débat. Ça commence à faire beaucoup…
Alain Bazot
Président de l’UFC-Que Choisir