Santé

Vaccination les décisions remises à fin 2016

Vaccination les décisions remises à fin 2016

Suite à un rapport sur la défiance qui touche la vaccination, la ministre de la Santé a annoncé quelques décisions, mais sans impact immédiat sur la pénurie actuelle de vaccins pour les enfants.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a enfin pris la parole sur le délicat sujet des vaccins. Au-delà du débat de fond sur les bénéfices et les risques de la vaccination, renvoyé à une grande concertation nationale (voir encadré), il y a fort à parier qu’en pratique, rien ne va changer à court terme pour les parents qui veulent faire vacciner leurs enfants. Étant donné les pénuries actuelles, le choix sera toujours aussi limité. En pharmacie, ils trouveront essentiellement le vaccin hexavalent, comprenant six protections dont celle contre l’hépatite B, qui fait débat.

La ministre a bien promis de réunir les industriels avant la fin du mois de janvier pour qu’ils lui remettent des propositions. Elle a aussi rappelé que la loi sur la santé tout juste votée leur impose de nouvelles obligations : constitution de stocks réservés au territoire national, identification de plusieurs sources d’approvisionnement en matières premières, chaînes de production alternatives.

Des sanctions pourraient tomber si des manquements étaient constatés. Reste que tout cela prendra du temps, et que dans l’immédiat, la situation est bloquée : en raison d’une demande mondiale accrue et de fortes difficultés de production, les deux fabricants de vaccins ne sont plus en mesure de fournir certains produits essentiels. Il est difficile, voire impossible d’obtenir en pharmacie les vaccins tétravalents, incluant quatre protections (DTP + coqueluche), utilisés en rappel, et les vaccins pentavalents (cinq protections) injectés chez les nourrissons. Le retour à la normale n’interviendra pas avant fin 2016. Les familles sont donc contraintes d’en passer par l’hexavalent, curieusement toujours disponible, qui contient la valence hépatite B. Celles qui n’en veulent pas doivent passer par les centres de protection maternelle et infantile (PMI), qui disposent de stocks.

Cette situation nourrit le discrédit de la parole publique sur les vaccins. Les usagers ont le sentiment qu’on leur force la main, au bénéfice des industriels. Et s’interrogent sur le sens d’une obligation vaccinale limitée à trois maladies (diphtérie, tétanos, poliomyélite) quand il est impossible de s’y cantonner. Depuis 2008 en effet, le vaccin trivalent DTPolio a disparu de la circulation, à cause des réactions allergiques qu’il provoquait. Il était aussi le seul vaccin sans aluminium. Au fil du temps, la liberté de choix s’est amenuisée pour les usagers, sans explication claire. Ce qui ne contribue pas à la sérénité des débats.
Une grande concertation lancée
Résurgence des cas de rougeole, baisse de la vaccination contre la grippe, faible succès de celle contre le cancer du col de l’utérus : la population française boude de plus en plus les vaccins. La défiance s’explique par plusieurs raisons, et pas que des mauvaises : dans le cas de la grippe et du cancer du col de l’utérus, l’efficacité est loin d’être scientifiquement établie. La ministre de la Santé n’a pourtant pas hésité à marteler l’inverse lors de sa conférence de presse…

Face à cette situation, les pouvoirs publics s’interrogent sur la pertinence de la politique vaccinale. Faut-il, en particulier, maintenir la distinction entre vaccins obligatoires et recommandés ? Dans beaucoup de pays voisins, l’obligation vaccinale n’existe pas et le taux de couverture n’est pas moins bon… Marisol Touraine n’a pas voulu trancher, et a renvoyé le débat à une grande concertation nationale. D’abord, une plateforme Internet sera ouverte en mars pour recueillir tous les avis sur les vaccins. Ensuite, trois jurys – citoyens, experts, professionnels de santé – analyseront les contributions et rendront chacun un avis. Enfin, à la fin de l’année, un comité piloté par le Pr Alain Fischer, spécialiste en immunologie pédiatrique, rendra ses conclusions. Quant à l’innocuité de l’aluminium utilisé comme adjuvant dans les vaccins, qui fait l’objet de vives controverses, une recherche en collaboration avec l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) est en cours, les résultats seront publiés en 2017.

source http://www.quechoisir.org

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