Gare au site Viagogo.fr, qui propose des billets de spectacles, concerts ou événements sportifs à des prix « surgonflés » ! La supercherie a été découverte par des consommateurs qui se sont récemment rendus à l’Opéra Garnier, à Paris. « Que Choisir » avait déjà alerté le public à plusieurs reprises sur les pratiques contestables de certains sites de ce type.
Comme le note Le Point.fr, qui a révélé l’affaire, Viagogo semble bien porter son nom. Selon notre confrère, la « supercherie » orchestrée par ce site de vente en ligne de billets de spectacles, de concerts et d’événements sportifs a été débusquée lorsqu’une famille suisse, composée d’un couple et deux enfants, s’est rendue à Paris pour assister au ballet du Bolchoï, à l’Opéra Garnier.
Les billets avaient été achetés sur Viagogo pour un total de 650 €. Mais une fois à l’Opéra, la famille est dirigée vers des places semi-aveugles vendues seulement 12 € au guichet. La direction accepte de les replacer de manière plus convenable, mais pour Viagogo, c’est tout bénéfice. Non seulement ce site gonfle le prix de base des billets, mais, comme si cela ne suffisait pas, ajoute des frais de dossier et de livraison, voire d’autres suppléments… À l’arrivée, une facture prohibitive et injustifiée pour le consommateur.
Ce comportement n’est malheureusement pas isolé, comme le prouvent les plaintes régulièrement adressées à « Que Choisir », qui nous avaient poussés à enquêter sur ce secteur. Aidés par le développement d’Internet, de nombreux prestataires se sont lancés dans la vente de billets d’événements en ligne, sans pour autant avoir signé de contrat de distribution avec les organisateurs. En fait, ces intermédiaires se débrouillent pour se procurer des billets par divers moyens (sites de vente officiels et partenaires de l’événement, par exemple), puis les revendent en réalisant une belle marge. De fait, le consommateur peut se retrouver avec des billets dont la valeur faciale est nettement inférieure au prix payé au site, d’où une source d’incompréhension pour lui. Il arrive même que les billets ne soient jamais livrés, ces sites n’hésitant pas à mettre en vente des places qu’ils n’ont pas encore. Difficile ensuite de se faire rembourser, ces intermédiaires faisant alors « les morts », comme l’attestent plusieurs témoignages… Du coup, plutôt que de se lancer dans une procédure judiciaire à l’issue incertaine, beaucoup de consommateurs floués finissent par jeter l’éponge.
Une loi à venir ?
Pour « masquer » leurs agissements contestables, ces intermédiaires, qui prospèrent sur la Toile, rusent. Ainsi, pour justifier la différence entre le prix « officiel » et celui payé par leurs clients, ils incluent dans le billet d’autres prestations comme la fourniture d’un pique-nique, d’un tee-shirt, d’une photo dédicacée de l’artiste, voire de « surprises » dont le consommateur ne verra jamais la couleur.
Autre technique de maquillage utilisée : la modification des catégories. « Celles qui sont indiquées dans ces sites ne correspondent pas forcément à celles définies par l’organisateur, confiait récemment à “Que Choisir” Inès Rambure, directrice juridique du Stade de France. Les billets que ces sites vendent en “catégorie une”, la meilleure, peuvent en fait se trouver parmi les moins bien situées. Mais ça, le spectateur ne le découvre que le jour du concert ou du match ! »
Pour l’heure, ces sites qui flirtent avec les limites de la légalité (quand ils ne les franchissent pas) agissent dans une relative tranquillité. Lors de la discussion de la Loppsi 2 (loi sur la sécurité intérieure), adoptée il y a quelques semaines, les sénateurs ont introduit un amendement visant à interdire la vente spéculative de billets sous peine d’une amende de 15 000 €. Mais la disposition – « mal écrite et trop floue », d’après plusieurs juristes – a été censurée par le Conseil constitutionnel au nom de la défense de la liberté d’entreprendre. Selon nos informations, cette mesure, revue et corrigée, devrait toutefois être rapidement réintégrée dans une prochaine loi en discussion au Parlement.
Arnaud de Blauwe