Un décret très décevant sur les encens et bougies
Le ministère de l’Écologie s’apprête à publier un décret sur l’étiquetage des désodorisants d’intérieur à combustion. Que Choisir espérait un texte protégeant la santé des consommateurs, il n’en est rien.
Le plan national pour la qualité de l’air intérieur publié par le gouvernement en 2013 prévoyait d’étiqueter les produits susceptibles de polluer l’air intérieur et précisait même que« les produits les plus polluants, par exemple les encens qui émettent plus de 2 µg/m3 de benzène, seront interdits ». C’était prometteur, Que Choisir avait applaudi cette volonté de protéger la santé des usagers.
Mais au vu du projet de décret actuellement en consultation, on peut dire que la montagne accouche d’une souris. Les fabricants de produits polluants ont de quoi se réjouir. Consacré aux produits désodorisants à combustion, c’est-à-dire aux encens, bougies, papier d’Arménie, brûle-parfums… le texte présenté par le ministère de l’Écologie se contente d’exiger que les emballages de tous ces produits portent les mentions« ventiler la pièce après utilisation » et « éviter d’inhaler directement la fumée ».
Si les produits visés par le décret n’étaient pas si polluants on pourrait en rire, mais c’est la santé des consommateurs qui est en jeu. En brûlant de l’encens chez soi, nos analyses l’ont encore prouvé l’automne dernier, on fait le plein de pollution, on respire des substances plus préoccupantes les unes que les autres pour la santé. Entre benzène, un gaz hautement cancérogène, formaldéhyde, autre gaz cancérogène par inhalation et très irritant à faibles doses, particules fines qui se déposent au plus profond de l’appareil respiratoire, acroléine qui est un irritant puissant, c’est tout un cocktail de substances très toxiques qu’on inhale.
Alors plutôt que des précautions d’usage très basiques qui ne protègent aucunement les utilisateurs, le décret aurait pu a minima imposer la mention « émet des composés cancérogènes ». En préliminaire à l’étiquetage des émissions de polluants et le retrait du marché des désodorisants les plus nocifs, toujours pas à l’ordre du jour…
Et d’ailleurs on ignore quand il le sera, et même s’il le sera. Le ministère n’a pas répondu à nos questions sur le sujet et pour l’instant, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) n’est même pas chargée de définir les valeurs admissibles des émissions de polluants. La protection de la santé des consommateurs prend du retard, le masquer par un décret n’y change rien.